Saturday, December 15, 2007

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Les nuits de Rangoun sont folles. Elles se fichent bien des apriori, lointains. Le demi est a 40 centimes et coule a flot. L'ebriete et l'ivresse de la danse. Microcosme bourgeois, un autre monde dans le monde, vivant sous des lumieres tamisees et les effets du stroboscope, un monde sourd a la lumiere ou les paroles sont muettes ou cris, Nous y deambulons spectateurs dans la rue et participant dans la danse, vague de mouvements.

Nous sommes etrangeres et de ce fait, ne nous melant jamais veritablement a la foule, sans cesse retrouvable, reconnaissable parmi les siens. La Jet Set locale n'est qu'une des multiples facettes de Rangoun. Les humbles ne rentrent pas ou peu ici, les ici de chacun. Sur la piste, les quidams jouent une reputation factice qui, comme un chef d'orchestre meticuleux et fier, dirige leurs faits et gestes, defaits, pantins articules par leurs egos.
Et si j'ecris peu, je ne fais que danser. Les paroles me sont paraboles d'avant, mes bras s'emportent, mes jambes ne me portent. La nuit semble toujours trop courte aux valseurs.

Friday, December 7, 2007

Nouvelle demeure

Il y a cinq fenetres dont trois donnent sur un mur moisi par la moisson ou s'amoncellent des mousses grises. Le bruit traverse les fenetres poreuses de l'activite de la rue. Le vert-hopital des murs a ete tu par une couche de blanc chatoyant: recycler le vieux, l'oublier, faire renaitre l'idee du neuf. Le sol est du beton qui crise encore sous les pieds malgre les passages repetes et danses par le balai. Un matelas, une moustiquaire, une table, quelques livres et puis l'espace selon certains, le vide selon d'autres, immense. La lumiere peine a penetrer. Elle doit chevaucher les facades d'autres vies. La porte reste ouverte. Elle eclaire.

Dans un coin de la piece, un sac pret a partir (a revenir ?) ne bougera pas de l'annee a venir, ou ne devrait pas. Les idees sont pourtant bien capricieuses, s'imiscent entre l'existence et nous. Ne pas perdre le desir puisqu'il ne s'agit que de cela. Il est volatile et le blanc (des murs) effraie les vies neuves a batir.

25/11

La rue et son paysage semblent indissociables de l'odeur: la graisse, le petrole et parfois l'encens ou la fleur de jasmin. Les marchands occupent les trottoirs aux trous inombrables. La chaleur m'use, me tait. Je suis toujours a la recherche d'un appartement. Parcourir des rues et des vies, des etages, ouvrir des portes ou du moins, essayer de s'y introduire. Se creer un monde dans le monde, un microcosme aux couleurs siennes. Faire des contacts, donner du social puisqu'il le faut, la cle parole, ce sesame. Contempler des existences et calquer la sienne, donner forme. Le sens n'est toujours pas venu.

Jeunesse doree, tu t'exhibes dans tes habits de fete alors qu'au dehors gronde en sourdine la colere de tes peres. Tu revets tes vetements de rebellion, ta facon de te poser contre, de s'opposer a eux. Mais lorsque tu cris devant la scene de tes heros d'un soir, ton cri ne vient pas jusqu'a eux. Il s'etouffe dans ton adulescente rebellion qui flatte ton ego mais ne nourrit ta nation. Les chants ne sont pas non plus victuailles. Ils sont boursouflures d'espoirs sans realisation.

Friday, November 23, 2007

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revetir la jupe birmane, les tongues, cheveux laches et se sentir plus elles.
prendre le bus, se tasser, imiter leurs gestes, retenir les mots et sonorites de leur langue, la faire sienne. dans la vie qui grouille, qui gronde en sourdine, se laisser porter par les mouvements, emporter, deriver.
l'odeur des fleurs de jasmin melee a celle de la crasse, boue et pourriture. les moussons ont lave les couleurs des murs. les peintures noires et sales, les plantes qui poussent sur les batisses, mordent le beton, defient le temps. rien n'est immuable ou rien ne semble l'etre.
les piments picotent mes levres et la foule crie. l'adrenaline monte. match de boxe. sa bouche saigne, il continue dans l'arene. la haine monte ou est mimee. le peuple saute, leve les bras, s'emporte, se prend au jeu. la musique rythme le combat. les gestes sont vifs, mesquins. ils dansent sur la piste, les poings l'un vers l'autre, devant leurs visages. la cadence accelere, leurs danses saccadee, perverse. et puis l'un finit toujours par tomber. son souffle se tait. la foule, hagarde, regarde la piste. une crainte certaine monte en moi. et s'il ne se relevait pas ? combats de coqs ensanglantes, qui sortent un oeil en moins, heles comme les heros d'un jour. la nausee me vient, tangue a l'interieur de mon corps, la paleur m'envahit. je quitte la piste pour retrouver celle de la danse des ombres et de la nuit, Rangoun, royaume des chiens errants et des dechets. hurler a la pleine lune qui se tapie derriere les nuages.

Thursday, November 22, 2007

Premier jour et premieres ampoules.

Personne n'est venu m'accueillir. J'ai reconnu C., l'amie d'un ami, que j'avais rencontree en debut d'annee. Des mots echanges et des eternelles presentations a la faune des expatries. Saluer un ami birman. En esperer d'autres, des rencontres fortunes, des rencontres-point-, de celles que l'on se rememore. Deux polonaises partagent mon dortoir, logement le temps d'en trouver un autre. Je leur fais visiter la ville en me la rememorant. A mi-chemin entre l'Inde et l'Asie, j'avais oublie combien on peut l'aimer.
L'universite est fermee a duree indeterminee. Alors, trouver de quoi remplir mes jours. Desarroi d'une premiere journee ou la vie nous plait tant, mais n'a aucun sens, aucun but. Futilites humaines.
Premiere invitation pour une soiree expat' jeudi soir: j'espere ne pas me laisser embourber. Le dortoir est paisible, rieur. Une possibilite de collocation se laisse presager avec C., mais c'est deux semaines au dortoir, 15 jours de defile touristique. Je crains de devoir rendre les armes. Than Tun, l'ami d'une amie m'a dit qu'il chercherait pour moi. Il paraissait confiant. Il a reitere l'invitation du mois d'avril: sa femme M. serait ravie de faire ma connaissance.
Trop d'un coup pour moi.
Reptilienne, je tentais de jongler entre ces deux mondes, de ne me laisser happer par aucun.
Rangoun avait repris son cours ou semblait ne jamais l'avoir quitte. Paisible, non. Elle est un fourmillement. La vie sociale se fait et se defait sur les trottoirs. L'on vit dehors, l'on s'y marrie et l'on n'y meurt autant qu'on y nait. Les marches etalent leurs fruits ou leurs pacotilles. La part laissee au ciel est infime. Les pieds dans la boue, sur un beton incertain ou dans la poussiere. Parfois, un depottoir ou une decadence aux yeux de l'Occident. La marche vers le developpement pour les birmans. "On verra", comme les gens disent, esperent ?

Monday, November 19, 2007

Rangoun, demain

Le ciel est d'une blancheur immaculee, laiteuse, cotonneuse.
Il pleuviotte et la vie s'en trouve inchangee. Les derniers jours ici me paraissent longs et presque interminables. Et dans la ville sans heures, certains funambules planent avec leurs existences. Je ne pense guere a la mienne, sans l'eviter, glisser sur les minutes.
J'ai voulu l'expatriation, je n'ai pas choisi l'exil. Paris me manque deja, un peu oui, mais donner de son temps a Rangoun est realiser un reve d'adolescente. J'avais 12 ans ou peut-etre 13. Et puis 18 et je suis partie la-bas. Ce la-bas qui sera desormais mon ici. Une partie de moi n'est jamais rentree. Et je pars la retrouver.

Sunday, November 18, 2007

Bkk

Je tourne le dos a la ville.
La moiteur me hante et le soleil me terrasse. Les vendeurs a la sauvette me helent. Les touristes portent tous le meme visage. A toutes les saisons, ils occupent les rues et ne desemplissent pas. (Nous sommes des proies faciles.)
A l'excitation d'une nouvelle vie se melait l'abattement des quelques jours en transit ici. Des allees et venues dans un paysage d'illusions, ou se font et se defont des mondes de pacotille, des souvenirs de vacances qui pourraient ne jamais avoir existes. J'avais cette hargne sourde en moi, le vrombissement d'une plaine venteuse ou les idees se cognent les unes contre les autres. Je lappais un romantisme aiguise et le vomissait aussitot. En pensant trop, je ne faisais que me meurtrir. Saoule d'un nombrilisme que trop affiche, je me drapais d'une robe noire, couleur de mes idees vaines qui ne passeraient pas la nuit. J'avais tari mon sommeil, epuise: je taisais ainsi mon amertume et acquerais la consolation de quelques instants reves ou j'etais reine, machiniste de mes envies.
Il fallait meriter le silence, fouiller la ville, ecarter la foule, echapper aux embouteillages, se perdre, se perdre et se donner. L'absence de bruit etait une morsue inattendue, un cri sourd et mes oreilles se mettaient a bruisser, ersatz de silence.
Ephemeritude.
Les femmes etaient coquettes et semblaient que trop supporter la chaleur qui leur donnait la peau halee, vacancieres a perpetuite.
( Nous sommes pourtant tous condamnes au retour.)
Le soleil irradiait la rue et la vie sous son diktat, devenait lente et molle. Elle s'appesantissait et se detachait de moi. Je n'etais plus qu'un corps dans les corps, a travers la vitre en sucre, regarder la vie, spectacle enjoleur et risible, tandis que mon corps flanchait et taisait ses mouvements lourds ( et laches).
Il m'arrivait de rever a d'autres vies ou j'aurais eu le beau role, l'actrice sur le devant de la scene. Mais si je n'en avait pas l'etoffe, mon envie de m'exposer et de jouer la comedie etait inexistante. Je me nourrissais d'etre simple quidam et goutais avec fievre l'anonymat jouissif de la grande ville.
Bangkok, fin du voyage__________________

Friday, November 16, 2007

15/11/07- dernier jour, Xian






















Le brouillard a envahi la ville. Premier jour d'automne.
La pluie bruine.
Je n'ai jamais su ce qu'etait la foule avant la Chine.
Pas meme l'Inde ne me l'avait susurre.
La torpeur vient avec la brume et les parapluies.
Les yeux happes vers le bitume
ou la pluie laisse des plumes,
vagues reflets des pietons marchant dans la ville.

Ou vont les passants qui n'en finissent pas de passer?

La ville semble avoir revetu ses habits gris,
deuil du depart.
Dernier jour en Chine, et meme derniere heure.

Les lumieres se troublent
et les gouttelettes dansent sur la vitre.
Le bus pietine, sa route saccadee
parmi les neons de la nuit
qui vaquent a des heures avancees du jour.

(Je n'ai jamais aime les aurevoirs,
on ne sait jamais s'ils sont adieux.
Ils sont bien fourbes.)

Abandonner bus et train et voir du ciel.

La ville grise a travers la vitre. L'interieur est refuge,
les silhouettes des buildings disparaissent
et se tapissent derriere un voile blanc.

J'ai oublie l'hiver. (Deja).

Les livres de mon voyage

Les livres conseilles:

Philippe Forrest, Le Nouvel amour
L' Enfant eternel
Tous les enfants sauf un

Olivier Cadiot, Fairy Queen

Les livre pretes:

Nicolas Bouvier, L'usage du monde
B.-M. Koltes, Dans la solitude des champs de coton

Les livres offerts:

Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Augusten Burroughs, Courir avec des ciseaux
Marco Denevi, Rosa, ce soir
Kavita Daswani, Mariage a l'indienne

(et en rouge, les livres que je recommande vivement)

Train Golmud-Xian -51eme jour de voyage*

Au dehors, les paysans achevent les derniers preparatifs avant l'hiver. Les monts sont inombrables. La brume ne disparait pas et nous camoufle l'horizon.
Les cabines du train sont ouvertes et les paroles sans portes. Les hommes s'affairent dans la mienne. Ils ne cessent de picorer et de manger: l'ennui sans doute. L'un d'eux ronfle, mais la vie ne finit pas de bruisser autour de lui. (Les dormeurs sont des vivants.)
Je cede au sommeil pour faire passer le temps malgre le paysage.
Ils retournent la terre et secouent les arbres, nous vivons dans l'attente de long en large.
Ils jouent aux cartes en musique. Je les regarde, m'abreuve d'un rien et les minutes passent, defile gris, maussade couleur du ciel.
Les montagnes ont ete butine de cultures en terrasse, aucune n'a sa forme originelle, grignotee par l'homme.
Un arbre a kakis, aux fruits d'or vient rompre la monotonie.
Les villes defilent, je ne retiens aucun nom. Hesiter a ajouter 50heures dans un autre train pour rejoindre Kunming ou se poser une nuit, le temps d'une douche et d'un repas. D'autres voyages m'attendent.
(*58eme avec Berlin)

Thursday, November 15, 2007

14/11/07- ( sans ou avec)

"Ce jour-la, j'ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s'en trouverait changee. Mais rien de cette nature n'est definitivement acquis. Comme une eau, le monde nous traverse et pour un temps vous prete ses couleurs, Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espece d'insuffisance centrale de l'ame qu'il faut bien apprendre a cotoyer, a combattre, et qui, paradoxalement, est peut-etre notre moteur le plus sur. "

Nicolas Bouvier, L'usage du monde

dans un bus, dans un train, enchainant 40 heures de voyage, alternance de desert et de montagnes rocheuses, en altitude, sentir son souffle coupe, puis un nouveau matin, se reveiller dans la plaine fumante et la, l'attente nous rattrappe.
ne plus faire de phrases, semblant d'etre muette, impression du moins. parler pour manger, dormir ou se mouvoir. ne garder que l'inevitable parmi les mots, le necessaire ( a vivre).
ils me parlent toujours en chinois comme si je comprenais. j'arrive a dechiffrer les caracteres de mes destinations et a entendre quelques bribes. ils parlent beaucoup et je leur offre mes regards d'incomprehension. pourtant je fais mon chemin et reprends le sud. comme les jours sans ou avec, il y a ceux qui disent et ceux qui n'osent mot.
les souvenirs se taisent dans mes reves, autrefois fourmillants, j'imagine que c'est ainsi, l'oubli pour aller de l'avant. (je marcherai pourtant bien a reculons.)

Wednesday, November 14, 2007

11/11/07 - (redites)

La vie des Chinois ressemble a une grande fete foraine. La musique inonde la rue. Les lumieres semblent s'etre mises a clignoter en cadence. La superficialite (de l'existence) chancelle et ripaille.


Ma tete est vide, ma tete est pleine.
L'ecriture ne vient plus lorsque je dois la reduire a des phrases (pseudo-) scientifiques et objectives. (J'essaie d'ecrire un article.)
Ils braillent sans cesse. Ils parlent dans leur telephone en criant, l'ecouteur sur haut-parleur. Ils font les exhuberants. Ils copient. Ils miment. L'originalite est loin. Elle est mirage et illusion dans le monde de l'imitation.
La vie chinoise est un grand spectacle en rediffusion. Sans sous-titres pour moi. Ils font pourtant comme-ci. Ils me parlent dans leur langue inconnue qui me parait stridente. Je cherche des regards dans un ocean de desinteressement.


Mais dans l'obscurite ( des grottes ), oublier et se sentir frele face au millenaire. Le sable finit par tout recouvrir. (toujours ?)

http://french.china.org.cn/culture/archives/patrimoinemondial/txt/2006-08/31/content_2257165.htm

09/11/07

La nuit tait les idees noires et apaise les esprits confus.
Mes pensees sont des putains claudiquant entre l'ici et l'ailleurs, le la-bas.
Se sentir desemparee. Tenter d'ecrire a coeur ouvert sur ce qui nous revolte.
Vouloir revenir a lui et desirer la route.
Impression d'exil. Toujours dans le doute pour l'annee a venir.
Evincer la solitude en la taisant dans l'oubli de soi.
Retrouver le desert a perte de vue. Un peu de Gobi, encore.
A 300 kms de la Mongolie. Vers l'ouest.
A mi-chemin entre Pekin et le Kirghistan.
L'attente lorsque l'on ne sait si le bus partira.
Et la monotonie du desert qui me parait toujours aussi neuve,
celle qui me berce dans un demi-sommeil.
Nul besoin de mirages. Le ciel est grand. Et l'horizon ?

Saturday, November 10, 2007

nocturne - Lanzhou

Quelqu'un hurle a cote et semble s'en prendre a une autre personne, la porte est close, je pourrais presque visualiser la scene, ou du moins me l'inventer. Et tous continuent de manger.
Finir par se persuader que les cris sont dans ma tete.
Au-dela de la vitre, les echoppes allument leur unique ampoule, des lucioles sur le bord de la route. Une odeur de barbecue et de piment. Et des fruits par camions ou petites echoppes sur roulettes. L'atmosphere est differente de celle du jour et je ne saurais dire pourquoi.
La nuit drape les batiments d'un manteau lourd, gomme un peu le bruit de la rue.

Je pense a lui et a l'espace entre nous.
( Il n'y a pas de voyage sans histoire d'amour incomplete.)
Le temps parait un moindre fleau, il semble pourtant durer ici plus que la-bas.
(N'est-ce pas le reve de tout voyageur, que le temps du voyage ne finisse jamais? )

Wednesday, November 7, 2007

Lanzhou

arriver dans la nuit et dormir dans les trains, avoir le mouvement pour seul repos et pour bercer son sommeil. Lanzhou s'eveille et mon corps endormi. dans les sombres avenues, se faire petite et ne pas entendre le bruit de ses pas. le soleil se leve peu ici. 1600 metres d'altitude, 2eme ville la plus polluee au monde. l'on s'aventure ici que lorsque la fatalite le demande ou par coup du sort. je suis venue par inadvertance.
etait-ce une erreur sur le billet de train ? une incomprehension ?
ou deliberement, avais-je voulu avancer dans les terres et y trouver la Chine sans artifice ?
j'avancais, mon sac carapace sur le dos, tortue et ma route tortueuse n'avait d'autres desseins que la Birmanie. l'impression d'etre partie depuis longtemps et de ne plus avoir a rentrer.
villes, je connaissais a present vos visages chinois, votre multitude et la foule desordonnee, indisciplinee, celle qui pousse et qui court, stresse et enflamme quelques ressentis, parfois malaises ephemeres. des instants seule au milieu d'eux. j'en perdais ma volonte et mes mouvements. et si j'esquissais un geste, celui se perdait dans la masse desarticulee, tete a 10000 bras. le bruit enflait et prenait l'espace jusqu'aux plafonds. et dans ma course sur la Route de la soie, rien n'etait donne, tout etait a prendre, encore fallait-il savoir se servir, servir la masse et se taire puisqu'on ne pouvait penser. il suffisait de voir.

Tuesday, November 6, 2007

Xian, encore

la ville aux neons se tairait presque lorsque la nuit profonde se profile.
et dans une ivresse recouvree, je chancelle de nouveaux horizons.
je me projette et mon coeur bat la chamade.
je vais sur la route de la soie, mythique autant que mysterieuse.
non, je n'irai pas au Tibet, pas cette fois-ci, oui, je compte bien repartir.
j'ai peu de temps et d'argent et les temps sont durs la-bas,
un paysage a la birmane, repression et armee.
dans la ville de lumiere, les jets d'eau dansent en musique.
ils s'elevent et jouent a nous plaire.
mes jambes fatiguees de m'etre trainee,
des jours en pensees grises et ciel brumeux.
je m'echappe et surtout a moi.
rejoindre un ailleurs d'ailleurs.
la route est tortueuse jusqu'a soi ou non-soi,
s'oublier dans l'experience.

Monday, November 5, 2007

envies pygmaliennes

dans l'epaisseur de l'ombre surgit un corps demembre.
une armee de touristes pour une armee de terre cuite.
des costumes guerriers en morceaux, ici git un crane autrefois peint
qui s'en retourne au gris de la pierre.
l'oubli vient que nous sommes dans un tombeau.
le silence est une denree precieuse et presque introuvable.
des corps se tiennent difficilement debout, armee d'eclopes.
2000ans qu'ils attendent de se mouvoir.
ils guettent un geste, une armee creuse, une foule sans autre dessein
que celui de l'attente impassible.
les generaux, ceux dont on attendrait un geste, se sont aussi mues en pierre.
des pinocchios sans gepetto pour souhaiter leur donner vie.
y a-t-il un antidote pour rompre le sortilege ?
tromper et feindre la vie, visages epanouis.
corps tombes et feles, parfois brises, de n'avoir su faire un pas.
la pierre et le sable ont englouti un semblant de vie
et l'on deterre mille corps pour le tombeau d'un seul;
son corps a lui, introuvable, son corps perdu dans les corps...
la pierre mord et mange l'os. la difference se tait entre la pierre et l'os.
l'anonyme et l'empereur ne se differe plus d'entre les corps, d'entre les pierres.

il a bati des mains des autres des veilleurs de nuit,
sur un sommeil mortel et sur son obsession, morbide.
il aurait pose la pierre pierre de son tombeau a ses 13 ans,
les pierres que l'on deterre a present.
on reconstruit les corps toujours immobiles et creux.
mais je jurerai d'en avoir vu certains fremir.

Xian

et dans la ville aux neons, le rouge et le jaune clignotent et reveillement le noir, le noir et l'opacite qui mettent en valeur l'espace illumine par l'eclairage public, un rond de lumiere dans le nuit. ils deambulent dans leurs plus beaux apparats, sur la selette, sur la piste de lumieres. la ville est un sapin de Noel ou le regard trouve nul repos. il clignote ca et la. au recoin d'une rue, des jets d'eau jouent sur le son diffus d'une voix feminine. ils s'elevent et s'accrocheraient aux lanternes rouges qui ne finissent par ne faire qu'un avec le decor. car tout est decor ici. du carton et de l'American Way of Life. Star...s pointe son visage et Mac D...d rivalise avec Pizza H..t. C'est la Chine de Mao (se retourne-t-il dans sa tombe ?), proletaire des grandes marques. la Chine en mutation acceleree, celle des JO. Xian, petite ville de 3 millions d'habitants, est un paradis de l'artifice. ce que tu me montres est ce que tu es et tu deviens puissant et respecte proportionnellement a la taille de ta voiture. Chine, te meprens-tu ? definitivement, contrastes des vendeurs ambulants qui grillent du mais aux pieds de tes grattes-ciel. ils revent d'etre un jour la-haut. ils reveront longtemps. ( pas moi)

Saturday, November 3, 2007

arret sur image - Pingyao

dans les ruelles a demi-ombragees, ils se deplacent a velo.
le calme et la quietude qu'il manque a Pekin.
des maisonnees en briques grises avec des boiseries peintes, agrementees de lampions rouges.
une atmosphere d'antan ou les petits vieux, rabougris, assis au soleil, courbes, avec leur coiffe proletaire n'attendent rien (plus rien ?).
les passants deambulent levant les yeux.
Il a partout a voir et rien de precis. trop ?
le temps s'est-il arrete ici ?

les scooters klazonnent , des touristes chinois filent en bande, en horde bruyante, cris animaux, noms d'oiseaux.
ils sont toujours plus nombreux que les etrangers. ils ne sont pas pour autant d'ici. ils visitent leur pays, immense et multiple, et rompent le charme du lieu vide et silencieux.
l'encens fume violament, ecoeure mes narines. je passe dans un nuage de fumee dans un manteau de pollution. region de mines de charbon.
le temps est au recueillement. ils ont la bougeotte, la parlotte.
leurs temples sont bouillonants de vie lorsqu'ils passent
et muets des qu'ils s'eloignent, troupeaux indisciplines.
les murs se taisent trop, plus tard.
ils frissonnent d'ombres, de murmures etouffes.
disproportionnees, des statues anthropomorphes effraient, tuent et depecent.
des dieux protecteurs anxiogenes. ( a peu y comprendre pour un esprit occidental)

je me perds dans les ruelles, le soleil s'y cache ou s'y donne.
le spectacle d'une vie traditionnelle sans spectateur.
pasante de quelques jours, simple quidam ne s'attarde.

Thursday, November 1, 2007

elle, l'autre

(la perte d'infimes qui constituent ce que l'on emporte de notre maison, de notre vie ne parait pas mais est une perte a l'echelle du voyageur.
taire ses pleurs dans l'oreiller de la couchette 9, wagon 3.)

les yeux legerement enfles, cheveux defaits, le ventre vide,
je ne savais pas si je devais me debarasser du sac qui ne m'appartenait pas.
Sans nom, mais loin d'etre anonyme.
J'aurais souhaite qu'elle retrouve ma trace.
Je n'avais aucune cle pour chercher la sienne.
Elle etait une voyageuse middle-class, coquette et morphologiquement semblable a la chinoise typique: petite, mince avec peu de poitrine.
Avais-je apercu son visage dans ma course ?
J'esperais secretement qu'elle fut dans le meme wagon ou qu'elle eu prit le meme train.
Beijing West Railway Station, de la, partait un train toutes les cinq minutes et les destinations etaient multiples et vastes. J'avais tant voulu quitter Pekin et je souhaitais a present y faire un saut, recuperer les quelques souvenirs qui maintenait mon passe bien vivant, palpable.
J'avais pourtant use tous les CD et comme une adolescente, je connaissais les chansons par coeur. Elles ne faisaient plus qu'un avec certains paysages.
On m'avait debarasse du superflu. Je n'en voulais deja plus.
Tous les superflus sauf un livre.

J'avais perdu ou elle m'avait pris par inadvertance les images du voyage. Je les avais encore en tete et vos visages egalement. J'oublierai et bien trop tot, dans d'autres voyages.
Entropie de nos souvenirs.

La brume, grise et rosee, mordait le reel a la fenetre. Des vies se passaient la, sur le chemin, sans que j'en ai la moindre conscience.

Je m'etais delestee d'une partie de moi.
Etais-je plus heureuse ?
(J'avais perdu ma grammaire birmane. Devais-je le prendre pour un signe ?)
Elle avait mon nom inscrit dans mon livre, ma nationalite et mon numero de passeport sur le billet UB/Beijing. Elle pouvait connaitre mon visage et les chemins ou j'etais passee dans les 6 dernieres semaines.
Et si ce n'etait pas elle qui avait recupere mon sac ? Qui d'autre ?
(la securite de la gare ?)
Il essayerait d'appeler pour moi. Cela nous menerait-il nulle part ?
(J'aimerait que ce soit une belle histoire.)

01/11/07 - train Pekin/ Pingyao

dans la panique, j'ai pris le sac de quelqu'un d'autre, perdu ma vodka mongole et mon diner.
desolee pour celle dont les habits etaient bien plies. mon walkman et mes CD
et un de tes cadeaux d'anniversaire.

un sac noir pour un autre, dans la course contre la montre, pour un train.
a l'interieur, soigneusement ranges, des habits de voyage et un necessaire a maquillage.
elle a gagne des musiques francaises, elle n'aimera peut-etre pas.
le livre (lu de long en large ) qu'il m'avait prete, le seul que j'avais garde et un carnet avec des papiers flottants a coller dedans.
mon livre de grammaire birmane ?
mes photos de voyage?

je crois bien, je n'ai pas la force de verifier.

matinale.

Je n'ai jamais pense a aller en Chine. Ou tres peu. Cela n'a jamais fait partie de l'un de mes reves. Et la, c'etait une etape sur la route que je prenais. Une experience qui me paraissait bien plus difficile qu'elle ne l'etait. Qui me donnera la suite ?

01/11/07- semblant d'autisme passager

je garde mon manteau a l'interieur,
conserver une epaisseur, se sentir en securite, bien.
Ce jour a happe ma joie.
ni eau ni electricite,
arret sur image a Pekin
Pourquoi la dereliction ?
Les larges avenues ne me parlent pas.
Le chinois me semble du chinois.
Lorsque la derniere lubie est de vouloir etre ailleurs...
oui, je pars ce soir
et non, je ne reviendrai pas.
dans mes cheveux crisse la poussiere
et mes yeux coulent la betise de quelques heures.
"Joli cafard, envole-toi" chante toujours Vian. Je reprends son refrain.
Je suis le soleil incertain qui eclaire mais ne rechauffe les passants qui ne font systematiquement qu'aller.
Le voyage copie la vie, il est passage quelquefois meurtri car interchangeable et peu adaptable.
Et si je me perds, ce n'est que dans mes pensees. Je ne les ecoute plus.
Le bruit des klazons emiette mes tympans. Maudit(s) caractere(s).

31/10/07

"Sept cent millions de chinois
Et moi, et moi, et moi
Avec ma vie, mon petit chez-moi
Mon mal de tête, mon point au foie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie." J.Dutronc

Ils se baladent exclusivement en bandes et execrent le silence. Ils courent comme des enfants lorsque les portes s'ouvrent, fleurs en plastiques et encens aux bras. Ils veulent etre les premiers.
Leurs prieres en seront-elles mieux exaucees ?

Dans ce monde-la, les pommes d'amour sont a 30 centimes et l'on vous ouvre les portes (du temple) du paradis pour 2 euros 50. Gout insipide.

Ils se levent tot.Tai-Chi, badmington, danse, chants stridents et musiques insoutenables, ils s'en donnent a coeur joie dans les parce. Ils se retrouvent sur un banc au soleil pour tirer quelques cartes. Mobilite qui ne mene nulle part. Ils savent passer le temps.

Aimer guere chinoiser. Des breloques dorees. Ils ont repeind les temples a l'effigie de leurs clinquantes boutiques. Du toc et du neuf. Du vide, mais eminement moderne_________
(Serait-on ce que l'on possede ?)

(je suis peu inspiree et je traine les pieds)

30/10/07- "Beaucoup de bruit pour rien" ?

De la grace,
le funambule s'elance.
Il est la corde, l'air qui se tord autour, notre emerveillement enfantin et la peur de faillir.

Il danse et les chauffeurs klaxonnent sous un manteau pollue. L'on se donne rendez-vous dans les ruelles et pietine ensuite. Embouteillages.
Les hutong se defont et se refont en un jour et la nuit, les marteaux piqueurs peinent a cesser.
La nuit est noire a 18h et leur appartient tot le matin.
Amateur de nouvelles pierres, le chinois n'a aucun sentiment a sacrifier l'antique au paraitre. Il bazarde volontiers son patrimoine pour un ciel de grues et une ville d'echaffaudages. Le macon est roi, mais a une date de permption: en 2008, il retournera a sa place.
2008, regne du neuf et de l'olympisme. Que de fracas. Ainsi regissons-nous notre monde, tout s'achete et tout se paye.
L'on voit grandir les etages a vue d'oeil, des cathedrales de poussieres. Elles envahissent les larges avenues, trop larges pour etre humaines.
La grande ville fricote avec la solitude .

Je la tue dans d'interminables visites ou la foule m'attrappe et me fait l'une des siens. Cite qui fut interdite, palais d'ete dont les jardins deperissent l'hiver, le froid de Tianamen...
(Perdue?)


---------toujours filer vers le sud
oiseau migrateur----------------

Wednesday, October 31, 2007

29/10/07- Grande Muraille babelienne

Suees matinales sur les cretes,
des tours alignees,
haut sentier zigzagant entre les monts,
voir la Grande Muraille
et se terre.
Marcher, marcher, grimper. Monter, descendre, remonter, redescendre.
Qui a eu cette folle idee qui n'a jamais repousse l'envahissaeur?
Futile caprice, tours de guet aujourd'ui acclamees en decrepitude.

De la-haut, les sommets indenombrables dans la brume.
Quelques neiges de la premiere giboulee sur des briques entassees. Le temps a fait ses ruines et l'emerveillement touristique.
Que reste-t-il de ceux qui gravirent les marches ?
Un paysage semblable a lui seul.
Des silhouettes de montagnes qui virent au bleu, ciel.
La tete dans les nuages et les brumes, les pieds abimes par la rocaille. Des fenetres arrondies sans toit donnant sur le vide.
L'appel au precipice est omnipresent.

Et si etre merveille, c 'etait cette vaine facon humaine de vouloir sans cesse toucher les cieux et batir comme les dieux ?

28/10/07- Defile miniature

Le paysage defile a toute vitesse, les yeux endoloris par le sommeil, eblouis par la lumiere matinale qui blanchit tout. Les habitations semblent des jouets pour enfants, avec cour et jardin, sapoudres de sucre glace. Hier, le sable etreignait les rails, desormais camoufles par la neige.
Mon corps boue d 'impatience, sortir, s'echapper d'une boite, ferraille sur roues, qui devale les chemins deja battus.
Pekin, de retour,
tes rues sales et tes facades qui font bonne figure, la mode bat son plein et crache vigoureusement sur le pave.



On me demandait de vivre simplement, de ne rien faire divaguer dans les rues et laisser mes pas nous porter, mes envies noires et moi, capricieuse.

On me demandait l'impossible et l'ennui.
Saurais-je rentrer?

27/10/07- Trans-

Emparquees dans des wagons aus mouvements limites,
les heures se melent au neant
de l'attente
et leurs longueurs, creations mentales,
s'appesantissent sur nos minutes animales.
L'air est lourd et confine.
Il se condense en buee,
malodorante.
Je veux courir sur le quai,
et rentrer.
Ma destination m'est inconnue, lorsque l'on quitte trop longtemps son chez-soi.
Le monde est trop grand
et j'y perds mes pensees, futiles filles d'une nuit.
Elles ont la gueule-de-bois ou la gueule des matins sans gloire ou tombe la pluie sur mes vains espoirs. Desenchantees.

Je reprime des envies, de la poudre aux yeux. Je ne sais plus ce que je veux vivre. L'herbe parait toujours plus verte dans le champ du voisin. Se lasserait-on de son jardin ? ( Il est pourtant a l'echelle du monde, indefini, infini ? )

et une de plus...

http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=56651&1004

les doutes grandissent.

precision

(je ne vous ai pas oublies. si je ne reponds pas aux commentaires, c est simplement parce Blogspot est censure en Chine, je peux poster mais je n ai nul acces a mon blog, ni a tous les autres blogspot.com . n hesitez pas a m envoyer un mail: mar_y_on@hotmail.com le temps que je change de pays )

Tuesday, October 30, 2007

27/10/07- UB/ Beijing- 1800kms

Etais-je partie trop tot ou n'aurais-je pas du rester aussi longtemps ?
a en aimer ce pays.
Contre-coup de l'alcool danse, dansee la nuit, melancolie fatiguee,
Gobi s'etend toujours devant moi,
comme un homme que l'on aurait aime,
dans un port ou dans chaque ville.
le gout de l'exotisme, de vos yeux brides.
le degout de partir.
Je ne veux parfois plus d'ailleurs,
mais appronfondir, apprivoiser l'inconnu decouvert.

Il y a des amours coups de foudre et de ceux qui peinent a naitre et usent davantage a tuer dans l'oeuf.
(A reculons, j'ai traine mes premiers pas lorsque je suis rentree dans la ville ;
tant aime tout, sauf la Ville.)

Pourquoi nous tenir a une vie ?
Pourquoi se barricader a nos choix passes ?

26/10/07

Lever d ans l'anonymat d'un dortoir.
Blanc de la couette et des murs,
le ronflement des couche-tard.
7h23, j'aime que les pieces soient vides
de bruits et d'hommes,
je peux sentir la presence et les visages passes.
Les ombres qui murmurent encore ceux qui furent.
Qui de nous reviendra?

J'ai peine a croire les sillons que laisse l'absence et peine a imaginer les jours que tu vis.

25/10/07- Re - 370 kms

La gorge prise, la bouche pateuse, les cheveux plaques par la crasse,
je m 'en reviens.
Les habits sales, la tete pleine de paysages, les yeux lointains,
je m'en vais, ailleurs.
Etre sur la route, suivre des pistes, ne pas toujours trouver son chemin, impression que les paysages ne sont que passages, peu peuples,
les visages presque absents.

Retrouver la ville et ses bruits, le semblant de foule lorsque s'acheve le jour,
des nomades modernes et sedentaires qui apprivoisent nos moeurs occidentales, mondiales.

Trois fois plus grande et vingt fois moins peuplee, fierte mongole qui s'abrutit dans l'alcool, remede a la vie, se tuer a petites gorgees,
en finir avec sa conscience-existence.

Je longe encore les grises rues barricadees, entourees de montagnes, enchevetree dans mes couvertures, immobilite revee, prison de songes.

Le transmongolien m'attend, apres-demain.

Monday, October 29, 2007

24/10/07- 190kms- Sur la route de Karakorum

Il a gele cette nuit.
Le blanc s'est mele a l'ocre des montagnes.
Et le soleil rechauffe l'herbe.
Saupoudres, nos regards et l'immensite, defaite.
Lorsque les couleurs s'eteignent et disparaissent, les nuages s'etreignent et font des rayures avec le bleu. Les solitudes s'oublient dans l'illimite ou plonge notre desir de nous mouvoir.
Le froid reveille mon corps et endort mes sens.
Le paysage cree l'image de la liberte, l'excessive, sans bornes, sans point sur lequel arreter ses pupilles.
La ville est derriere les monts.
Elle fume, enfumee par la poussiere qui se souleve et s'eleve a chaque passage. Son odeur est celle des melezes qui brulent, de la suie quotidienne.
Le gris domine et inonde un peu leurs visages. Les ivrognent titubent et attendent tete dans le gravier que le froid ou les voitures les prennent. Sur le chemin de l'ecole, ils chassent les enfants de grognements d'ours.
La nuit est deja tombee et l'existence ici ne semble ne faire qu'un avec la nuit.
Dernier nuitee dans la yourte, barricadee derriere des clotures de planches de bois et d'acier rouilles. Le sourire qui tombe en ruines...ou simplement decadent.

23/10/07

Je couds mes souvenirs a la chair de mon oubli
qui se rememore dans les reves,
ceux-la memes qui deviennent fous, imprevisibles et vivants,
plus-que-jamais.
A la limite de l'ecoeurement, je me reveille en sursaut
lorsque le noir est omnipresent, ciel et yourte.
Immobile, j'attends que la lumiere chasse et evapore
ce qui demeure de mes nocturnes pensees inapprivoisees.
Taisez-vous_____________________

22/10/07- 6 heures a cheval - Avis de tempete

L'odeur du cheval me colle a la peau ou a mes vetements, seconde peau que je ne quitte plus. 4 vestes, 3 pantalons, 3 paires de chaussettes, 1 echarpe, 1 chapeau et des gants.
La bougie est toujours la, un peu plus consumee. Nous galopons a travers champs et forets. Le ciel se couvre de blanc epais (pret a tomber ?). La tempete se levera-t-elle ?
L'intimite est rare a trouver dans la ger. Le silence est partout sauf a l'interieur ou nous caquetons jovialement.
Mon nez coule et mes yeux pleurent, le vent fouettant mon visage, lascerant ma journee, les joues rouges, a cheval.
La neige est un nuage qui emmitoufle les montagnes.. Le blizzard nous suit a la trace, les flocons degringolent.
La route est caillouteuse et nous galopons plus fort. Chacun ne fait qu un avec le mouvement du cheval, dans le mouvement. Je me courbe et l'air m'emporte. Le ciel appartenait aux nuages. du blanc au gris.
Retrouver la ger dans la plaine et la chaleur etouffante, le the au lait, s'etendre et se taire. Le feu chante et les visages parlent. Des joues meurtries, halees par le soleil et la rudesse du froid.
Des vies perdues ou gagnees sur les coteaux de la montagne, loin de tout, ou du rien que nous menons.

21/10/07- 20kms en voiture et 2h30 a cheval - Blanche nuit

La bougie eclaire peu nos visages.
Le beurre moisit pour l'hiver dans des estomacs de yacks et embaume la ger. La soupe bouillonne sur le poele (redondance atemporelle). Des voix dansent dans la piece, enveloppees dans nos oripaux hivernaux. La lucarne nous montre la fumee qui monte et la nuit qui tombe.
Quelques discordances dans le programme des jours a venir. Je me laisse porter, flexible, lorsque le froid ne me colle pas a la peau.
Les montagnes saupoudrees de neige se miroitent dans l'eau qui n'est pas entierement sous la glace. Le niveau du lac triple au printemps, fonte des glacs. L'hiver a passe sa main sur le paysage, faisant tomber les dernieres epines et tapissant les mousses de neige. La lune vient de derriere les monts.
La bougie danse violament dans le courant d'air. La nuit sera longue, courbaturee par la marche des chevaux.

Que devient ma vie lorsque je n'y suis pas ?

semi-pensee diurne

Elle avait des souvenirs trebuchant dans sa tete. Des cartons enfouis a ne pas trop deplacer. Elle guettait les ronds de poussiere, aureoles du temps, autour des bols.
Le the bouillonnait au-dessus du feu et les effluves du passe revenaient de plus belle.
Elle se souvenait essentiellement du pire. Le meilleur etait comme une peau qui a mue. On le retrouve a ses pids. On marche dessus comme sur des oeufs, coquilles dorees, cheriees et bien souvent oubliees.
L'enfant barbouille et morveux poussait des cris, pleurait et s'abandonnait au rire, excessif comme l'enfant savait l'etre. Cette demesure qui nous faisair, parfois, saliver. L'envie de ne pas avoir de contraintes, de se laisser-aller.

20/10/07 - 180 kms - Utopie (?) buccolique

Rencontrer des nomades qui trouvent l'endroit ou passer l'hiver. La ger sent la bouze et le fromage rassi et fermente.
Les meubles sont peu nombreux et bas, ornes de peintures auspicieuses et decoratives. Les tapis trainent dans l'herbe et la terre. Les moutons et brebis sont de blanches taches dans l'herbe qui noircit lorsque la nuit vient.
Nous nous etendons a meme le sol.
Le feu bat son plein dans le poele. Le froid nous prendra dans la nuit,
doigts de pieds et gorge geles.
Le vent s'engouffre un peu dans la yourte coincee entre deux flancs de collines. Quelques yacks meuglent dans l'epaisseur de la nuit, silence etoile. La blanche nuit comme le sommeil, livide entre quelques ronflements.
La famille nous a delaisse une yourte ou passer la nuit. Nous sommes sur la route, mais flottons dans les paysages et les steppes. Les montagnes se profilent a l'horizon, arborant quelques traces de neige immaculee.

Thursday, October 25, 2007

19/10/07- 290 kms - (prendre sa liberté)

La piste est chaotique. Le van tangue et m’emporte, ensommeillée.
Et si j’ouvre les yeux, il se peut que le paysage ait changé.
Les plaines reviennent et l’on pourrait prendre ces herbes pour d’autres,
quelques heures auparavant.
J’écoute le vent dans les feuillages d’un arbre centenaire.
Des piallements d’oiseaux,
les oignons rissoler dans la poële
et une vague mélodie traditionnelle au loin.
Des écharpes couleur ciel y sont accorchées:
prières et voeux. La nature unanimement célébrée.
Le soleil me rechauffe le dos.
Mes ongles sont noirs et mes cheveux gras. Ma peau a peu vu l’eau.
La vie nomade va rarement de pair avec la douche.
Tout dépend des limites que l’on se fixe ou que l’on oublie de poser.
Alors j’essaie de pousser plus loin.
Je ne me mets pas à l’épreuve. Je ne me dépasse guère.
Le vent s’engouffre dans mes vêtements et je savoure l’instant.
J’apprends______.

18/10/07- dunes en fractales- 180 kms

Un peintre (divin ?) accordant les couleurs, par touches.
Le jaune, le blanc et l’ocre donnent le ton.
Le bleu les fait résonner.
Le sable s’engouffre dans mes vêtements et le salé (de mon front)
dans ma bouche.
Je cours en descendant les dunes, m’écroule.

(bain de soleil)

Au-dela des dunes, d’autres dunes.
Fractales qui semblent à notre échelle,
humaine, infinie.

17/10/07- 360 degrés-

Lorsque les mousses s’étalent
et gagnent le sable,
est-ce le sable qui recule
ou la vie qui avance, rampante, force et rage, conquérir ?
Les montagnes en découpe, ombres chinoises superposées.
Un quartier de lune dans le bleu qui noircit.
Les dunes que l’infatigable vent crée et manipule.
Il organise l’incroyable, ce que les yeux peineraient à inventer.

La yourte est gelée et le froid tétanise mes muscles.
La porte s’ouvre sur le désert.


Gobi.

Je tourne la tête et l’horizon n’en finit pas.
La nuit descend, la lune monte et s’éclaire à chaque pas.
L’on se sent bien minuscules dans l’immensité qui ne parle que lorsque le vent s’y engouffre.
Des herbes hautes, quelques massifs touffus bien maigres, arbustes épineux…
La vie animale est rare et l’eau tombe peu.
Nous nous ravitaillons dans des puits,
introuvables essentiels, quelques planches posées sur le sable.

Dans la yourte, le vent psalmodie dans le tuyau de la chaudière.
La chaleur se joue de nous, se cache , puis soudainement se fait folle.

La théière chante aussi avec le vent.

met le jour, (donner la vie/ nuit)

Je pense à ton ventre rond
qui n’est pas encore.
au mien
qui ne sera, peut-être
pas.
“Maternité, ouvre-toi.”
De toi a moi, qu’un pas,
Et des milliers de kilomètres,
dure ce pas.
Et dans ce pas, du passé,
on a sans doute aussi avancé.
Ma route est longue
jusqu’à ces quelques lieux que tu as fait,
où tu es et demeure, désormais.
Je n’ai pas tes rêves.
Pouvons-nous les échanger ?
Désordonnée, désorientée, je cherche ma route,
l’aurais-tu trouvée ?

(Devrais-je finir par m’y résigner ?)

15/10/07-380 kms

L’immensitée revenait.
De la couleur brune de la terre, du violacé que prenaient les mousses éparses.
Mon esprit venait à divaguer.
Nomade comme le sont les peuples d’ici.
La route est vide. Nous ne croisons pas un véhicule par heure.
La terre infertile et infinie sur l’horizon.
Platitude, et sortis de nulle part, des massifs bleus, lointains.
Des troupeaux de chameaux et de moutons détalaient
en entendant le bruit de notre arrivée,
qui n’était que passage. Les villes étaient rares et inattendues.
Une colline derrière laquelle on aurait esperé rien d’autre que du sable ou des cailloux.
De la rocaille motone et si folle à en croire nos yeux.

Ebahie.

14/10/07-260 kms

L’immensité à perte de vue,
chasse gardée des aigles et des faucons
- charognes.
L’herbe rase et le ciel, en bandeaux horizontaux.
Le bleu, le vert, intarissables.
Et la route se faisait caillouteuse et sableuse.
Sépulture à ciel ouvert,
quelques squelettes, animaux piegés par le froid,
meurent une nouvelle fois.
Çà et là, des massifs granitiques usés par le temps,
des mers de roches,
des fonds marins où les bouleaux effeuillés sont algues tortueuses.
Nous allions
“Vers le sud”, lança-t-il, synonyme de chaleur.

Des touffes d’herbes éparses et désordonnées.
Un lac refléchissant monts (et merveilles)

Lorsque le soleil tombe et s’éteind derrière
les rochers, la lumiere jaunit et
leurs ombres grandissent, démesurées.

Les traces de pneus omniprésents et la route
Sillonante se perd entre les collines

Il y a des paysages où le calme est trop parfait, trop grand.
Les mots deviennent vains
J’entends le crissement de mes pas sur la roche, friable.
Le vent ne s’engouffre nullement. L’écho de mes paroles se perd, la roche l’avale.


Et tout se tait.





La crainte me vient de ne plus trouver mon chemin dans le paysage
extraordinaire et monotone.
Je cours, haletante.
Je lève les bras, je crie sourdement
Et la roche garde mon cri.

Friday, October 12, 2007

Perdre ?

Demain elles seront toutes parties et je reste la avec ma vie incertaine et les chemins qui me meneront ailleurs comme nulle part. Elles font leurs bagages, brouhaha aux voix aigues. Je n' eprouve nulle tristesse car la fin est toujours le debut d'autres moments. Je vais oublier leurs noms et leurs rires, et leurs ombres filantes dans la neige, mais pas tout de suite, pas encore.

J ai pietine, j ai enseigne, mais je tounais en rond et redoutais d avoir peu a offrir. Plus je redoutais, moins les mots venaient. Le desir se camouflait, inatteignable.

La ville est bruyante et grise ce matin. Des mares de glace fondues. Cruelle.
Le volontariat me donnait un alibi (une excuse ?) pour savoir ou rester et que faire ici. Partir vers le desert ou deserter. Abreuvez mes dires qui se tarissent parfois au moindre ennui et a la plus vaine inertie.

Les routes sont si nombreuses qu'elles donnent envie de s'y perdre.


Ou de ne plus avancer.

(hiberner)

Le feu crepite dans la yourte. La fumee envahit un peu la piece: chaleur et suffocation. Les chants resonnent et la neige bruisse sur le toit. Un chien aboit et l instant dure. Le manteau blanc s epaissit a vue d oeil au dehors. La nuit est blanche. L ampoule gresille et l odeur du bois nous enveloppe.
Le paysage brule par le soleil, dont les arbres jaunis et deplumes nous devoilaient l automne, n est plus qu hiver. Nos equipements sont minces et nous voulions aller plus loin. Mais la nuit nous rattrappa et nous n eurent d autres choix que la premiere yourte, a quelques minutes frileuses, sur le chemin caillouteux.

Nous nous sommes reveillees dans la neige, la ou tous les paysages deviennent les memes. Le ciel est blanc a en plisser les yeux. Les arbres sont brindilles et tentent desesperement, sous la tyrannique glace, de se dresser vers les cieux.

Thursday, October 11, 2007

Explications

Ce n est pas pour cette raison que je suis partie. Cette maison a-t-elle un jour ete la mienne ?
Je n ai vu nulle part ton enfance s achever et par à-coup , a mes yeux, ton corps grandissait et changeait.

J ai tres peu voulu, avant, te connaitre.

Nous souhaitons bien trop souvent rattrapper ce qui ne s attrappe et le temps perdu. Mais la vigueur du temps et son incessant mouvement n est-il pas justement dans l acte eminement beau de vivre et d achever ?
Je n ai jamais cru que la famille s arretait la ou commencait leur separation. Ce n etait pas la mienne, ni la notre. Un parent reste parent, meme si on ne le souhaite plus, vraiment.
"Ma soeur est partie un jour et n est plus revenue", ce sont tes mots. A ce moment-la, le travail m accablait et il y aurait cent vraies fausses excuses de ne pas etre plus souvent rentree. La vie parisienne m excitait follement. Elle rimait avec intellect. Et la raison s est mise a rire aux eclats, a trinquer dans les bars, a s endormir apres avoir longuement festoyer, la meme fete qui avait longuement manque a ma voracique adolescence cousue de livres. Le sommeil etait devenu optionnel. Nous nous jouions de lui et l on nous revoyait l image d une elite de la France insomniaque, livree corps et ame au roi Travail et a sa dame Etude. Mais la fatigue savait exactement quand nous cueillir.

Et puis j ai peu dit et peu raconte. Je vivais. Je ne lui parlais presque pas, alors j ai cesse comme l on se met soi a dos.
Je ne crois pas ne pas avoir accepte la situation. Je me suis peut etre enfuie un peu plus loin et toujours plus longtemps et me suis cree ici une autre vie, de celle que l on choisit. J ai toujours pense que les liens du sang ne forcent pas ceux de l amitie.
Pour notre mere, c etait different: je suis passee de la fausse haine adolescente, de celle dont on a parfois besoin pour se construire contre, a l eloignement, un temps. Dans son visage, j y ai trouve le mien et les traits qu elle m eut donnes. Comme une bonne et une mauvaise fee, m avait-elle fait un jour le don du reve d ubiquite ? Son Angleterre contre ma Birmanie ? Et dans l eloignement, nous avons baisse les drapeaux guerriers. De mon depart, nous avons verse des larmes. Elle me rejoindrait quelques semaines, peut-etre.
Je crois que l on emmene fatalement nos histoires avec nous. Elles nous guident et nous desorientent. Nous questionnent. Nous en faisons abstractions lorsque le paysage nous fait taire ? Nous impressionne.

Oui, j aimerais apprendre a te connaitre.

Wednesday, October 10, 2007

Dissymetrie de nous.

Vient ma nuit lorsque ton jour se leve.
Nous commercons nos espoirs, les travestissons dans l attente.
L absence est fardeau quotidien. Elle est aussi liberte. Le voyage est provisoire et ses souvenirs tombent rapidement
dans l ephemere. Que reste-t-il de nous et des chemins que nous primes ?
L absence decortique et epuise les mots que nous nous dimes.
Je les pense toujours.

La distance est peu. Visuelle et tactile, certainement. Les pensees reviennent et les mots se repetent.
Je m y raccroche, folle d espoirs. Je lis et relis tes mots. Les devore et m en caresse.

On a peine a le croire. Les visages s oublient si vite.

Monday, October 8, 2007

Vides____

Les fils electriques comme des barbeles encerclaient les villes. Et la fumee des cheminees s effacait et se fondait rapidement au blanc du ciel. Les maisons grises, les batiments abandonnes et les clotures qui entourent de la terre, vide. Les planches eparpillees et quelques pietons, dans l ombre. La vie n existait qu a l interieur.
Nos rires et l alcool, de la couleur du ciel, linceul transparent. Nos danses habitees, leurs sourires et leurs peaux halees, brulees par le froid et le soleil. Sur la vitre, de la buee et des paysages a moitie. S y perdre et se meprendre. Ainsi paissent paisiblement les troupeaux.

Premieres neiges.

Galopant au milieu de nulle part,
notre echappee se faisait la belle,
mon corps meurtri des marches glaciales,
la ou la foret murmure. Et la neige disait peu.
Peu du paysage et la riviere muette.
Paysage aux mille visages, de pierre.
Ca et la, eparses, des yourtes et des vies,
oubliees
et mon impossible inertie se trouvait comblee.
Dans la plus haute tour de mes attentes,
les monts s effacaient pour laisser place a la terre infertile.
Maitresse des lieux, la neige engloutissait les couleurs.

La route, partout, nous menait aux cieux.

Thursday, October 4, 2007

froid matinal.

Les pensees me frolent et le soleil traverse les vitres rechauffant mon visage.
Dans l esseulement qui parfois me vient, je ressasse.
Ici, j erre dans les rues comme la-bas. Les rues sont differentes ,
mais ne vont que peu varier l errance.
Je prepare ma tete et mon sac pour le desert.
Je fais demesurement le pitre. Leurs rires viennent car le desarroi se montre peu.

Tuesday, October 2, 2007

Histoire imprevisible.

Le tableau au dessus de la paillasse qui nous sert de lit est sature de couleurs. Le nuage prend la couleur de l aile de l oiseau qui a deteint sur lui. A l interieur, regne la chaleur et l etouffante atmosphere feminine. L habitude vient: celle d oublier l etat de transit dans lequel se trouvent les jours a venir, mes jours. Je demande conseil tout en sachant que la decision leur appartient et me revient ensuite. Elle leur echappe surtout et de cette echappee, qui est leur, nul ne connait la suite.

Je n ai jamais cru qu il y ait une entite qui sache et de plus, decide de nos faits et gestes a notre place. Certains de nos choix en entrainent d autres. Meme insignifiants, a l echelle d une vie, ils donnent parfois sens, un sens souvent confus pour celui qui vit l instant. La ligne n est pas droite et ce n est pas une ligne, mais davantage un reseau de fils qui vont, viennent, se croisent, se separent ou suivent la meme lignee.

Le fumet de diner vient eveiller mes narines.
Il est tard, la nuit trahit l heure et j en oublie de compter les jours.

Monday, October 1, 2007

Sans mesure.

J ai entretenu le mythe du depart, sacralise, ceremonialise a ne plus pouvoir rentrer. J accorde de l importance demesuree a l irrealisme de mes envies. Je lui cede la place. Dans un immeuble sovietique massif avec ses graffitis, j epluche des oignons. Les medias ont, ces jours-ci, apprivoise mes pleurs, controle et les oignons les ravivent en secret. J ai les joues rouges et l eau glace mes doigts, attablee pres de cette jeune femme dont je ne comprends que peu les mots. Nos regards bruissent pourtant. Ses doigts poteles prennent sans cesse ma main, jouent. Elle a 19 ans et en parait 16. Ses vetements ne trahissent d ou elle vient. Elle vit dans les carcasses aux nombreuses grues, la ou se cotoient les yourtes, ger comme on les nomme ici, et la moderne mondialisation. L air est sableux, sec, voire irrespirable. A 1300 metres, pourtant.
Le froid s eprend de nos corps lorsque la nuit tombe.
D un cote, un semblant de revolte bouillonne en moi. De l autre, le desir de se jeter dans la gueule du loup, fuir, s exiler, aller la-bas. Dans tous les "la-bas". J oublie les noms, les lieux, les heures . Dans ma bulle apolitique, amediatique, inconsciente sur tous les fronts, je traine les pieds. Je repere les rues et ne me rappelle l essentiel. Il n y a pas de cartes valables la ou je vais. Pas de photos de ce que je ressens. La veracite se glace dans l hiver de la steppe.

.

Les labyrinthes se construisent de pensees et d ecriture. L ecriture frole la pensee, la reifie parfois. En lui donnant corps, le fait d ecriture entraine voire enchaine la pensee, la faisant parcourir des chemins qu elle n aurait mene si elle n eut pris corps. Je m adonne a lui en me donnant a l ecriture. Et dans chacun de mes mots, j espere l y meler. L ecriture porte, decouvre, attriste et remplit. Elle est herbe folle, mais elle sait consciement ou elle va. Elle parcoure et elle triture. Et nous la sacralisons pour quotidiennement l user. Nous recyclons les eaux usages de nos mots et les vies vecues.

Thursday, September 27, 2007

En instance de.

Le voyage commence toujours dans un interstice de temps indefinissable, un moment indeterminable ou nous frole l idee. Nous condamne, devrais-je ecrire ?
Dans le desir de voir toujours plus, de decouvrir et au fond, de posseder ce que l on ne peut retenir. Le plus loin regne en maitre. Plus loin et plus profond, tout se passe comme si le lointain se confondait avec le degre de changement qu il apporterait. Les voyageurs sont multiples mais suivent le meme but, la meme route droite, le tour du monde, le tour de peu, finalement. Je suis a Pekin comme je pourrais etre a Ulan Bator. Qu est-ce que le lieu detache de celui qui le vit ? Un voyage frole davantage qu il ne vit.

Je suis dans un pays en vivant a l heure d un autre. Je suis l actualite, je m y plonge et m y blottis egalement. Les doutes me poursuivent et mes yeux brulent, picotent. Je suis en transit et je ne connais la destination. Rentrer serait un echec. Du moins, c est le sentiment que j en ai. Alors j invente des vies provisoires ici, des tours du monde a vivre. En instance de. Sans suite.

On aura enfin parler d eux, ecrit beaucoup. Une passion provisoire, un ersatz de guerre en Irak ou au Liban. Je dors mal et je ressasse le peu que les medias disent et veulent bien montrer, en attendant des nouvelles « du front ». Revoir les rues me tracassent .Je cherche des visages connus et je tente de lire ceux des inconnus. J apprehende. Les mails comme mes questions restent sans reponse. Je joue peu : qu est-ce une annee face aux 50 ans de l attente des peuples ? 365 jours sont reportes, deportes. Sans date.

Les morts n ont parfois aucune consequence. Je redoute que l adage se verifie. Pourtant deja se faire a l idee, sans resignation. 50 ans ne s evanouissent ni facilement, ni pacifiquement.

Avoir l impression que son destin est lie a celui d un autre. Ne pas se defaire de cette idee, fausse entierement ; mais vivre dans celle-ci. L accompagner dans sa marche. Cette marche vers une nouveaute, un changement ou une revolution ou dans la contre-marche, le retour au pire. Il y a plusieurs echelles et elles ne se fondent pas sur le nombre des morts, ni des blesses. Elle n oublie pas.