Friday, November 23, 2007

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revetir la jupe birmane, les tongues, cheveux laches et se sentir plus elles.
prendre le bus, se tasser, imiter leurs gestes, retenir les mots et sonorites de leur langue, la faire sienne. dans la vie qui grouille, qui gronde en sourdine, se laisser porter par les mouvements, emporter, deriver.
l'odeur des fleurs de jasmin melee a celle de la crasse, boue et pourriture. les moussons ont lave les couleurs des murs. les peintures noires et sales, les plantes qui poussent sur les batisses, mordent le beton, defient le temps. rien n'est immuable ou rien ne semble l'etre.
les piments picotent mes levres et la foule crie. l'adrenaline monte. match de boxe. sa bouche saigne, il continue dans l'arene. la haine monte ou est mimee. le peuple saute, leve les bras, s'emporte, se prend au jeu. la musique rythme le combat. les gestes sont vifs, mesquins. ils dansent sur la piste, les poings l'un vers l'autre, devant leurs visages. la cadence accelere, leurs danses saccadee, perverse. et puis l'un finit toujours par tomber. son souffle se tait. la foule, hagarde, regarde la piste. une crainte certaine monte en moi. et s'il ne se relevait pas ? combats de coqs ensanglantes, qui sortent un oeil en moins, heles comme les heros d'un jour. la nausee me vient, tangue a l'interieur de mon corps, la paleur m'envahit. je quitte la piste pour retrouver celle de la danse des ombres et de la nuit, Rangoun, royaume des chiens errants et des dechets. hurler a la pleine lune qui se tapie derriere les nuages.

Thursday, November 22, 2007

Premier jour et premieres ampoules.

Personne n'est venu m'accueillir. J'ai reconnu C., l'amie d'un ami, que j'avais rencontree en debut d'annee. Des mots echanges et des eternelles presentations a la faune des expatries. Saluer un ami birman. En esperer d'autres, des rencontres fortunes, des rencontres-point-, de celles que l'on se rememore. Deux polonaises partagent mon dortoir, logement le temps d'en trouver un autre. Je leur fais visiter la ville en me la rememorant. A mi-chemin entre l'Inde et l'Asie, j'avais oublie combien on peut l'aimer.
L'universite est fermee a duree indeterminee. Alors, trouver de quoi remplir mes jours. Desarroi d'une premiere journee ou la vie nous plait tant, mais n'a aucun sens, aucun but. Futilites humaines.
Premiere invitation pour une soiree expat' jeudi soir: j'espere ne pas me laisser embourber. Le dortoir est paisible, rieur. Une possibilite de collocation se laisse presager avec C., mais c'est deux semaines au dortoir, 15 jours de defile touristique. Je crains de devoir rendre les armes. Than Tun, l'ami d'une amie m'a dit qu'il chercherait pour moi. Il paraissait confiant. Il a reitere l'invitation du mois d'avril: sa femme M. serait ravie de faire ma connaissance.
Trop d'un coup pour moi.
Reptilienne, je tentais de jongler entre ces deux mondes, de ne me laisser happer par aucun.
Rangoun avait repris son cours ou semblait ne jamais l'avoir quitte. Paisible, non. Elle est un fourmillement. La vie sociale se fait et se defait sur les trottoirs. L'on vit dehors, l'on s'y marrie et l'on n'y meurt autant qu'on y nait. Les marches etalent leurs fruits ou leurs pacotilles. La part laissee au ciel est infime. Les pieds dans la boue, sur un beton incertain ou dans la poussiere. Parfois, un depottoir ou une decadence aux yeux de l'Occident. La marche vers le developpement pour les birmans. "On verra", comme les gens disent, esperent ?

Monday, November 19, 2007

Rangoun, demain

Le ciel est d'une blancheur immaculee, laiteuse, cotonneuse.
Il pleuviotte et la vie s'en trouve inchangee. Les derniers jours ici me paraissent longs et presque interminables. Et dans la ville sans heures, certains funambules planent avec leurs existences. Je ne pense guere a la mienne, sans l'eviter, glisser sur les minutes.
J'ai voulu l'expatriation, je n'ai pas choisi l'exil. Paris me manque deja, un peu oui, mais donner de son temps a Rangoun est realiser un reve d'adolescente. J'avais 12 ans ou peut-etre 13. Et puis 18 et je suis partie la-bas. Ce la-bas qui sera desormais mon ici. Une partie de moi n'est jamais rentree. Et je pars la retrouver.

Sunday, November 18, 2007

Bkk

Je tourne le dos a la ville.
La moiteur me hante et le soleil me terrasse. Les vendeurs a la sauvette me helent. Les touristes portent tous le meme visage. A toutes les saisons, ils occupent les rues et ne desemplissent pas. (Nous sommes des proies faciles.)
A l'excitation d'une nouvelle vie se melait l'abattement des quelques jours en transit ici. Des allees et venues dans un paysage d'illusions, ou se font et se defont des mondes de pacotille, des souvenirs de vacances qui pourraient ne jamais avoir existes. J'avais cette hargne sourde en moi, le vrombissement d'une plaine venteuse ou les idees se cognent les unes contre les autres. Je lappais un romantisme aiguise et le vomissait aussitot. En pensant trop, je ne faisais que me meurtrir. Saoule d'un nombrilisme que trop affiche, je me drapais d'une robe noire, couleur de mes idees vaines qui ne passeraient pas la nuit. J'avais tari mon sommeil, epuise: je taisais ainsi mon amertume et acquerais la consolation de quelques instants reves ou j'etais reine, machiniste de mes envies.
Il fallait meriter le silence, fouiller la ville, ecarter la foule, echapper aux embouteillages, se perdre, se perdre et se donner. L'absence de bruit etait une morsue inattendue, un cri sourd et mes oreilles se mettaient a bruisser, ersatz de silence.
Ephemeritude.
Les femmes etaient coquettes et semblaient que trop supporter la chaleur qui leur donnait la peau halee, vacancieres a perpetuite.
( Nous sommes pourtant tous condamnes au retour.)
Le soleil irradiait la rue et la vie sous son diktat, devenait lente et molle. Elle s'appesantissait et se detachait de moi. Je n'etais plus qu'un corps dans les corps, a travers la vitre en sucre, regarder la vie, spectacle enjoleur et risible, tandis que mon corps flanchait et taisait ses mouvements lourds ( et laches).
Il m'arrivait de rever a d'autres vies ou j'aurais eu le beau role, l'actrice sur le devant de la scene. Mais si je n'en avait pas l'etoffe, mon envie de m'exposer et de jouer la comedie etait inexistante. Je me nourrissais d'etre simple quidam et goutais avec fievre l'anonymat jouissif de la grande ville.
Bangkok, fin du voyage__________________

Friday, November 16, 2007

15/11/07- dernier jour, Xian






















Le brouillard a envahi la ville. Premier jour d'automne.
La pluie bruine.
Je n'ai jamais su ce qu'etait la foule avant la Chine.
Pas meme l'Inde ne me l'avait susurre.
La torpeur vient avec la brume et les parapluies.
Les yeux happes vers le bitume
ou la pluie laisse des plumes,
vagues reflets des pietons marchant dans la ville.

Ou vont les passants qui n'en finissent pas de passer?

La ville semble avoir revetu ses habits gris,
deuil du depart.
Dernier jour en Chine, et meme derniere heure.

Les lumieres se troublent
et les gouttelettes dansent sur la vitre.
Le bus pietine, sa route saccadee
parmi les neons de la nuit
qui vaquent a des heures avancees du jour.

(Je n'ai jamais aime les aurevoirs,
on ne sait jamais s'ils sont adieux.
Ils sont bien fourbes.)

Abandonner bus et train et voir du ciel.

La ville grise a travers la vitre. L'interieur est refuge,
les silhouettes des buildings disparaissent
et se tapissent derriere un voile blanc.

J'ai oublie l'hiver. (Deja).

Les livres de mon voyage

Les livres conseilles:

Philippe Forrest, Le Nouvel amour
L' Enfant eternel
Tous les enfants sauf un

Olivier Cadiot, Fairy Queen

Les livre pretes:

Nicolas Bouvier, L'usage du monde
B.-M. Koltes, Dans la solitude des champs de coton

Les livres offerts:

Harper Lee, Ne tirez pas sur l'oiseau moqueur
Augusten Burroughs, Courir avec des ciseaux
Marco Denevi, Rosa, ce soir
Kavita Daswani, Mariage a l'indienne

(et en rouge, les livres que je recommande vivement)

Train Golmud-Xian -51eme jour de voyage*

Au dehors, les paysans achevent les derniers preparatifs avant l'hiver. Les monts sont inombrables. La brume ne disparait pas et nous camoufle l'horizon.
Les cabines du train sont ouvertes et les paroles sans portes. Les hommes s'affairent dans la mienne. Ils ne cessent de picorer et de manger: l'ennui sans doute. L'un d'eux ronfle, mais la vie ne finit pas de bruisser autour de lui. (Les dormeurs sont des vivants.)
Je cede au sommeil pour faire passer le temps malgre le paysage.
Ils retournent la terre et secouent les arbres, nous vivons dans l'attente de long en large.
Ils jouent aux cartes en musique. Je les regarde, m'abreuve d'un rien et les minutes passent, defile gris, maussade couleur du ciel.
Les montagnes ont ete butine de cultures en terrasse, aucune n'a sa forme originelle, grignotee par l'homme.
Un arbre a kakis, aux fruits d'or vient rompre la monotonie.
Les villes defilent, je ne retiens aucun nom. Hesiter a ajouter 50heures dans un autre train pour rejoindre Kunming ou se poser une nuit, le temps d'une douche et d'un repas. D'autres voyages m'attendent.
(*58eme avec Berlin)

Thursday, November 15, 2007

14/11/07- ( sans ou avec)

"Ce jour-la, j'ai bien cru tenir quelque chose et que ma vie s'en trouverait changee. Mais rien de cette nature n'est definitivement acquis. Comme une eau, le monde nous traverse et pour un temps vous prete ses couleurs, Puis se retire, et vous replace devant ce vide qu'on porte en soi, devant cette espece d'insuffisance centrale de l'ame qu'il faut bien apprendre a cotoyer, a combattre, et qui, paradoxalement, est peut-etre notre moteur le plus sur. "

Nicolas Bouvier, L'usage du monde

dans un bus, dans un train, enchainant 40 heures de voyage, alternance de desert et de montagnes rocheuses, en altitude, sentir son souffle coupe, puis un nouveau matin, se reveiller dans la plaine fumante et la, l'attente nous rattrappe.
ne plus faire de phrases, semblant d'etre muette, impression du moins. parler pour manger, dormir ou se mouvoir. ne garder que l'inevitable parmi les mots, le necessaire ( a vivre).
ils me parlent toujours en chinois comme si je comprenais. j'arrive a dechiffrer les caracteres de mes destinations et a entendre quelques bribes. ils parlent beaucoup et je leur offre mes regards d'incomprehension. pourtant je fais mon chemin et reprends le sud. comme les jours sans ou avec, il y a ceux qui disent et ceux qui n'osent mot.
les souvenirs se taisent dans mes reves, autrefois fourmillants, j'imagine que c'est ainsi, l'oubli pour aller de l'avant. (je marcherai pourtant bien a reculons.)

Wednesday, November 14, 2007

11/11/07 - (redites)

La vie des Chinois ressemble a une grande fete foraine. La musique inonde la rue. Les lumieres semblent s'etre mises a clignoter en cadence. La superficialite (de l'existence) chancelle et ripaille.


Ma tete est vide, ma tete est pleine.
L'ecriture ne vient plus lorsque je dois la reduire a des phrases (pseudo-) scientifiques et objectives. (J'essaie d'ecrire un article.)
Ils braillent sans cesse. Ils parlent dans leur telephone en criant, l'ecouteur sur haut-parleur. Ils font les exhuberants. Ils copient. Ils miment. L'originalite est loin. Elle est mirage et illusion dans le monde de l'imitation.
La vie chinoise est un grand spectacle en rediffusion. Sans sous-titres pour moi. Ils font pourtant comme-ci. Ils me parlent dans leur langue inconnue qui me parait stridente. Je cherche des regards dans un ocean de desinteressement.


Mais dans l'obscurite ( des grottes ), oublier et se sentir frele face au millenaire. Le sable finit par tout recouvrir. (toujours ?)

http://french.china.org.cn/culture/archives/patrimoinemondial/txt/2006-08/31/content_2257165.htm

09/11/07

La nuit tait les idees noires et apaise les esprits confus.
Mes pensees sont des putains claudiquant entre l'ici et l'ailleurs, le la-bas.
Se sentir desemparee. Tenter d'ecrire a coeur ouvert sur ce qui nous revolte.
Vouloir revenir a lui et desirer la route.
Impression d'exil. Toujours dans le doute pour l'annee a venir.
Evincer la solitude en la taisant dans l'oubli de soi.
Retrouver le desert a perte de vue. Un peu de Gobi, encore.
A 300 kms de la Mongolie. Vers l'ouest.
A mi-chemin entre Pekin et le Kirghistan.
L'attente lorsque l'on ne sait si le bus partira.
Et la monotonie du desert qui me parait toujours aussi neuve,
celle qui me berce dans un demi-sommeil.
Nul besoin de mirages. Le ciel est grand. Et l'horizon ?

Saturday, November 10, 2007

nocturne - Lanzhou

Quelqu'un hurle a cote et semble s'en prendre a une autre personne, la porte est close, je pourrais presque visualiser la scene, ou du moins me l'inventer. Et tous continuent de manger.
Finir par se persuader que les cris sont dans ma tete.
Au-dela de la vitre, les echoppes allument leur unique ampoule, des lucioles sur le bord de la route. Une odeur de barbecue et de piment. Et des fruits par camions ou petites echoppes sur roulettes. L'atmosphere est differente de celle du jour et je ne saurais dire pourquoi.
La nuit drape les batiments d'un manteau lourd, gomme un peu le bruit de la rue.

Je pense a lui et a l'espace entre nous.
( Il n'y a pas de voyage sans histoire d'amour incomplete.)
Le temps parait un moindre fleau, il semble pourtant durer ici plus que la-bas.
(N'est-ce pas le reve de tout voyageur, que le temps du voyage ne finisse jamais? )

Wednesday, November 7, 2007

Lanzhou

arriver dans la nuit et dormir dans les trains, avoir le mouvement pour seul repos et pour bercer son sommeil. Lanzhou s'eveille et mon corps endormi. dans les sombres avenues, se faire petite et ne pas entendre le bruit de ses pas. le soleil se leve peu ici. 1600 metres d'altitude, 2eme ville la plus polluee au monde. l'on s'aventure ici que lorsque la fatalite le demande ou par coup du sort. je suis venue par inadvertance.
etait-ce une erreur sur le billet de train ? une incomprehension ?
ou deliberement, avais-je voulu avancer dans les terres et y trouver la Chine sans artifice ?
j'avancais, mon sac carapace sur le dos, tortue et ma route tortueuse n'avait d'autres desseins que la Birmanie. l'impression d'etre partie depuis longtemps et de ne plus avoir a rentrer.
villes, je connaissais a present vos visages chinois, votre multitude et la foule desordonnee, indisciplinee, celle qui pousse et qui court, stresse et enflamme quelques ressentis, parfois malaises ephemeres. des instants seule au milieu d'eux. j'en perdais ma volonte et mes mouvements. et si j'esquissais un geste, celui se perdait dans la masse desarticulee, tete a 10000 bras. le bruit enflait et prenait l'espace jusqu'aux plafonds. et dans ma course sur la Route de la soie, rien n'etait donne, tout etait a prendre, encore fallait-il savoir se servir, servir la masse et se taire puisqu'on ne pouvait penser. il suffisait de voir.

Tuesday, November 6, 2007

Xian, encore

la ville aux neons se tairait presque lorsque la nuit profonde se profile.
et dans une ivresse recouvree, je chancelle de nouveaux horizons.
je me projette et mon coeur bat la chamade.
je vais sur la route de la soie, mythique autant que mysterieuse.
non, je n'irai pas au Tibet, pas cette fois-ci, oui, je compte bien repartir.
j'ai peu de temps et d'argent et les temps sont durs la-bas,
un paysage a la birmane, repression et armee.
dans la ville de lumiere, les jets d'eau dansent en musique.
ils s'elevent et jouent a nous plaire.
mes jambes fatiguees de m'etre trainee,
des jours en pensees grises et ciel brumeux.
je m'echappe et surtout a moi.
rejoindre un ailleurs d'ailleurs.
la route est tortueuse jusqu'a soi ou non-soi,
s'oublier dans l'experience.

Monday, November 5, 2007

envies pygmaliennes

dans l'epaisseur de l'ombre surgit un corps demembre.
une armee de touristes pour une armee de terre cuite.
des costumes guerriers en morceaux, ici git un crane autrefois peint
qui s'en retourne au gris de la pierre.
l'oubli vient que nous sommes dans un tombeau.
le silence est une denree precieuse et presque introuvable.
des corps se tiennent difficilement debout, armee d'eclopes.
2000ans qu'ils attendent de se mouvoir.
ils guettent un geste, une armee creuse, une foule sans autre dessein
que celui de l'attente impassible.
les generaux, ceux dont on attendrait un geste, se sont aussi mues en pierre.
des pinocchios sans gepetto pour souhaiter leur donner vie.
y a-t-il un antidote pour rompre le sortilege ?
tromper et feindre la vie, visages epanouis.
corps tombes et feles, parfois brises, de n'avoir su faire un pas.
la pierre et le sable ont englouti un semblant de vie
et l'on deterre mille corps pour le tombeau d'un seul;
son corps a lui, introuvable, son corps perdu dans les corps...
la pierre mord et mange l'os. la difference se tait entre la pierre et l'os.
l'anonyme et l'empereur ne se differe plus d'entre les corps, d'entre les pierres.

il a bati des mains des autres des veilleurs de nuit,
sur un sommeil mortel et sur son obsession, morbide.
il aurait pose la pierre pierre de son tombeau a ses 13 ans,
les pierres que l'on deterre a present.
on reconstruit les corps toujours immobiles et creux.
mais je jurerai d'en avoir vu certains fremir.

Xian

et dans la ville aux neons, le rouge et le jaune clignotent et reveillement le noir, le noir et l'opacite qui mettent en valeur l'espace illumine par l'eclairage public, un rond de lumiere dans le nuit. ils deambulent dans leurs plus beaux apparats, sur la selette, sur la piste de lumieres. la ville est un sapin de Noel ou le regard trouve nul repos. il clignote ca et la. au recoin d'une rue, des jets d'eau jouent sur le son diffus d'une voix feminine. ils s'elevent et s'accrocheraient aux lanternes rouges qui ne finissent par ne faire qu'un avec le decor. car tout est decor ici. du carton et de l'American Way of Life. Star...s pointe son visage et Mac D...d rivalise avec Pizza H..t. C'est la Chine de Mao (se retourne-t-il dans sa tombe ?), proletaire des grandes marques. la Chine en mutation acceleree, celle des JO. Xian, petite ville de 3 millions d'habitants, est un paradis de l'artifice. ce que tu me montres est ce que tu es et tu deviens puissant et respecte proportionnellement a la taille de ta voiture. Chine, te meprens-tu ? definitivement, contrastes des vendeurs ambulants qui grillent du mais aux pieds de tes grattes-ciel. ils revent d'etre un jour la-haut. ils reveront longtemps. ( pas moi)

Saturday, November 3, 2007

arret sur image - Pingyao

dans les ruelles a demi-ombragees, ils se deplacent a velo.
le calme et la quietude qu'il manque a Pekin.
des maisonnees en briques grises avec des boiseries peintes, agrementees de lampions rouges.
une atmosphere d'antan ou les petits vieux, rabougris, assis au soleil, courbes, avec leur coiffe proletaire n'attendent rien (plus rien ?).
les passants deambulent levant les yeux.
Il a partout a voir et rien de precis. trop ?
le temps s'est-il arrete ici ?

les scooters klazonnent , des touristes chinois filent en bande, en horde bruyante, cris animaux, noms d'oiseaux.
ils sont toujours plus nombreux que les etrangers. ils ne sont pas pour autant d'ici. ils visitent leur pays, immense et multiple, et rompent le charme du lieu vide et silencieux.
l'encens fume violament, ecoeure mes narines. je passe dans un nuage de fumee dans un manteau de pollution. region de mines de charbon.
le temps est au recueillement. ils ont la bougeotte, la parlotte.
leurs temples sont bouillonants de vie lorsqu'ils passent
et muets des qu'ils s'eloignent, troupeaux indisciplines.
les murs se taisent trop, plus tard.
ils frissonnent d'ombres, de murmures etouffes.
disproportionnees, des statues anthropomorphes effraient, tuent et depecent.
des dieux protecteurs anxiogenes. ( a peu y comprendre pour un esprit occidental)

je me perds dans les ruelles, le soleil s'y cache ou s'y donne.
le spectacle d'une vie traditionnelle sans spectateur.
pasante de quelques jours, simple quidam ne s'attarde.

Thursday, November 1, 2007

elle, l'autre

(la perte d'infimes qui constituent ce que l'on emporte de notre maison, de notre vie ne parait pas mais est une perte a l'echelle du voyageur.
taire ses pleurs dans l'oreiller de la couchette 9, wagon 3.)

les yeux legerement enfles, cheveux defaits, le ventre vide,
je ne savais pas si je devais me debarasser du sac qui ne m'appartenait pas.
Sans nom, mais loin d'etre anonyme.
J'aurais souhaite qu'elle retrouve ma trace.
Je n'avais aucune cle pour chercher la sienne.
Elle etait une voyageuse middle-class, coquette et morphologiquement semblable a la chinoise typique: petite, mince avec peu de poitrine.
Avais-je apercu son visage dans ma course ?
J'esperais secretement qu'elle fut dans le meme wagon ou qu'elle eu prit le meme train.
Beijing West Railway Station, de la, partait un train toutes les cinq minutes et les destinations etaient multiples et vastes. J'avais tant voulu quitter Pekin et je souhaitais a present y faire un saut, recuperer les quelques souvenirs qui maintenait mon passe bien vivant, palpable.
J'avais pourtant use tous les CD et comme une adolescente, je connaissais les chansons par coeur. Elles ne faisaient plus qu'un avec certains paysages.
On m'avait debarasse du superflu. Je n'en voulais deja plus.
Tous les superflus sauf un livre.

J'avais perdu ou elle m'avait pris par inadvertance les images du voyage. Je les avais encore en tete et vos visages egalement. J'oublierai et bien trop tot, dans d'autres voyages.
Entropie de nos souvenirs.

La brume, grise et rosee, mordait le reel a la fenetre. Des vies se passaient la, sur le chemin, sans que j'en ai la moindre conscience.

Je m'etais delestee d'une partie de moi.
Etais-je plus heureuse ?
(J'avais perdu ma grammaire birmane. Devais-je le prendre pour un signe ?)
Elle avait mon nom inscrit dans mon livre, ma nationalite et mon numero de passeport sur le billet UB/Beijing. Elle pouvait connaitre mon visage et les chemins ou j'etais passee dans les 6 dernieres semaines.
Et si ce n'etait pas elle qui avait recupere mon sac ? Qui d'autre ?
(la securite de la gare ?)
Il essayerait d'appeler pour moi. Cela nous menerait-il nulle part ?
(J'aimerait que ce soit une belle histoire.)

01/11/07 - train Pekin/ Pingyao

dans la panique, j'ai pris le sac de quelqu'un d'autre, perdu ma vodka mongole et mon diner.
desolee pour celle dont les habits etaient bien plies. mon walkman et mes CD
et un de tes cadeaux d'anniversaire.

un sac noir pour un autre, dans la course contre la montre, pour un train.
a l'interieur, soigneusement ranges, des habits de voyage et un necessaire a maquillage.
elle a gagne des musiques francaises, elle n'aimera peut-etre pas.
le livre (lu de long en large ) qu'il m'avait prete, le seul que j'avais garde et un carnet avec des papiers flottants a coller dedans.
mon livre de grammaire birmane ?
mes photos de voyage?

je crois bien, je n'ai pas la force de verifier.

matinale.

Je n'ai jamais pense a aller en Chine. Ou tres peu. Cela n'a jamais fait partie de l'un de mes reves. Et la, c'etait une etape sur la route que je prenais. Une experience qui me paraissait bien plus difficile qu'elle ne l'etait. Qui me donnera la suite ?

01/11/07- semblant d'autisme passager

je garde mon manteau a l'interieur,
conserver une epaisseur, se sentir en securite, bien.
Ce jour a happe ma joie.
ni eau ni electricite,
arret sur image a Pekin
Pourquoi la dereliction ?
Les larges avenues ne me parlent pas.
Le chinois me semble du chinois.
Lorsque la derniere lubie est de vouloir etre ailleurs...
oui, je pars ce soir
et non, je ne reviendrai pas.
dans mes cheveux crisse la poussiere
et mes yeux coulent la betise de quelques heures.
"Joli cafard, envole-toi" chante toujours Vian. Je reprends son refrain.
Je suis le soleil incertain qui eclaire mais ne rechauffe les passants qui ne font systematiquement qu'aller.
Le voyage copie la vie, il est passage quelquefois meurtri car interchangeable et peu adaptable.
Et si je me perds, ce n'est que dans mes pensees. Je ne les ecoute plus.
Le bruit des klazons emiette mes tympans. Maudit(s) caractere(s).

31/10/07

"Sept cent millions de chinois
Et moi, et moi, et moi
Avec ma vie, mon petit chez-moi
Mon mal de tĂȘte, mon point au foie
J'y pense et puis j'oublie
C'est la vie, c'est la vie." J.Dutronc

Ils se baladent exclusivement en bandes et execrent le silence. Ils courent comme des enfants lorsque les portes s'ouvrent, fleurs en plastiques et encens aux bras. Ils veulent etre les premiers.
Leurs prieres en seront-elles mieux exaucees ?

Dans ce monde-la, les pommes d'amour sont a 30 centimes et l'on vous ouvre les portes (du temple) du paradis pour 2 euros 50. Gout insipide.

Ils se levent tot.Tai-Chi, badmington, danse, chants stridents et musiques insoutenables, ils s'en donnent a coeur joie dans les parce. Ils se retrouvent sur un banc au soleil pour tirer quelques cartes. Mobilite qui ne mene nulle part. Ils savent passer le temps.

Aimer guere chinoiser. Des breloques dorees. Ils ont repeind les temples a l'effigie de leurs clinquantes boutiques. Du toc et du neuf. Du vide, mais eminement moderne_________
(Serait-on ce que l'on possede ?)

(je suis peu inspiree et je traine les pieds)

30/10/07- "Beaucoup de bruit pour rien" ?

De la grace,
le funambule s'elance.
Il est la corde, l'air qui se tord autour, notre emerveillement enfantin et la peur de faillir.

Il danse et les chauffeurs klaxonnent sous un manteau pollue. L'on se donne rendez-vous dans les ruelles et pietine ensuite. Embouteillages.
Les hutong se defont et se refont en un jour et la nuit, les marteaux piqueurs peinent a cesser.
La nuit est noire a 18h et leur appartient tot le matin.
Amateur de nouvelles pierres, le chinois n'a aucun sentiment a sacrifier l'antique au paraitre. Il bazarde volontiers son patrimoine pour un ciel de grues et une ville d'echaffaudages. Le macon est roi, mais a une date de permption: en 2008, il retournera a sa place.
2008, regne du neuf et de l'olympisme. Que de fracas. Ainsi regissons-nous notre monde, tout s'achete et tout se paye.
L'on voit grandir les etages a vue d'oeil, des cathedrales de poussieres. Elles envahissent les larges avenues, trop larges pour etre humaines.
La grande ville fricote avec la solitude .

Je la tue dans d'interminables visites ou la foule m'attrappe et me fait l'une des siens. Cite qui fut interdite, palais d'ete dont les jardins deperissent l'hiver, le froid de Tianamen...
(Perdue?)


---------toujours filer vers le sud
oiseau migrateur----------------