Wednesday, October 31, 2007

29/10/07- Grande Muraille babelienne

Suees matinales sur les cretes,
des tours alignees,
haut sentier zigzagant entre les monts,
voir la Grande Muraille
et se terre.
Marcher, marcher, grimper. Monter, descendre, remonter, redescendre.
Qui a eu cette folle idee qui n'a jamais repousse l'envahissaeur?
Futile caprice, tours de guet aujourd'ui acclamees en decrepitude.

De la-haut, les sommets indenombrables dans la brume.
Quelques neiges de la premiere giboulee sur des briques entassees. Le temps a fait ses ruines et l'emerveillement touristique.
Que reste-t-il de ceux qui gravirent les marches ?
Un paysage semblable a lui seul.
Des silhouettes de montagnes qui virent au bleu, ciel.
La tete dans les nuages et les brumes, les pieds abimes par la rocaille. Des fenetres arrondies sans toit donnant sur le vide.
L'appel au precipice est omnipresent.

Et si etre merveille, c 'etait cette vaine facon humaine de vouloir sans cesse toucher les cieux et batir comme les dieux ?

28/10/07- Defile miniature

Le paysage defile a toute vitesse, les yeux endoloris par le sommeil, eblouis par la lumiere matinale qui blanchit tout. Les habitations semblent des jouets pour enfants, avec cour et jardin, sapoudres de sucre glace. Hier, le sable etreignait les rails, desormais camoufles par la neige.
Mon corps boue d 'impatience, sortir, s'echapper d'une boite, ferraille sur roues, qui devale les chemins deja battus.
Pekin, de retour,
tes rues sales et tes facades qui font bonne figure, la mode bat son plein et crache vigoureusement sur le pave.



On me demandait de vivre simplement, de ne rien faire divaguer dans les rues et laisser mes pas nous porter, mes envies noires et moi, capricieuse.

On me demandait l'impossible et l'ennui.
Saurais-je rentrer?

27/10/07- Trans-

Emparquees dans des wagons aus mouvements limites,
les heures se melent au neant
de l'attente
et leurs longueurs, creations mentales,
s'appesantissent sur nos minutes animales.
L'air est lourd et confine.
Il se condense en buee,
malodorante.
Je veux courir sur le quai,
et rentrer.
Ma destination m'est inconnue, lorsque l'on quitte trop longtemps son chez-soi.
Le monde est trop grand
et j'y perds mes pensees, futiles filles d'une nuit.
Elles ont la gueule-de-bois ou la gueule des matins sans gloire ou tombe la pluie sur mes vains espoirs. Desenchantees.

Je reprime des envies, de la poudre aux yeux. Je ne sais plus ce que je veux vivre. L'herbe parait toujours plus verte dans le champ du voisin. Se lasserait-on de son jardin ? ( Il est pourtant a l'echelle du monde, indefini, infini ? )

et une de plus...

http://www.lexpress.fr/info/infojour/reuters.asp?id=56651&1004

les doutes grandissent.

precision

(je ne vous ai pas oublies. si je ne reponds pas aux commentaires, c est simplement parce Blogspot est censure en Chine, je peux poster mais je n ai nul acces a mon blog, ni a tous les autres blogspot.com . n hesitez pas a m envoyer un mail: mar_y_on@hotmail.com le temps que je change de pays )

Tuesday, October 30, 2007

27/10/07- UB/ Beijing- 1800kms

Etais-je partie trop tot ou n'aurais-je pas du rester aussi longtemps ?
a en aimer ce pays.
Contre-coup de l'alcool danse, dansee la nuit, melancolie fatiguee,
Gobi s'etend toujours devant moi,
comme un homme que l'on aurait aime,
dans un port ou dans chaque ville.
le gout de l'exotisme, de vos yeux brides.
le degout de partir.
Je ne veux parfois plus d'ailleurs,
mais appronfondir, apprivoiser l'inconnu decouvert.

Il y a des amours coups de foudre et de ceux qui peinent a naitre et usent davantage a tuer dans l'oeuf.
(A reculons, j'ai traine mes premiers pas lorsque je suis rentree dans la ville ;
tant aime tout, sauf la Ville.)

Pourquoi nous tenir a une vie ?
Pourquoi se barricader a nos choix passes ?

26/10/07

Lever d ans l'anonymat d'un dortoir.
Blanc de la couette et des murs,
le ronflement des couche-tard.
7h23, j'aime que les pieces soient vides
de bruits et d'hommes,
je peux sentir la presence et les visages passes.
Les ombres qui murmurent encore ceux qui furent.
Qui de nous reviendra?

J'ai peine a croire les sillons que laisse l'absence et peine a imaginer les jours que tu vis.

25/10/07- Re - 370 kms

La gorge prise, la bouche pateuse, les cheveux plaques par la crasse,
je m 'en reviens.
Les habits sales, la tete pleine de paysages, les yeux lointains,
je m'en vais, ailleurs.
Etre sur la route, suivre des pistes, ne pas toujours trouver son chemin, impression que les paysages ne sont que passages, peu peuples,
les visages presque absents.

Retrouver la ville et ses bruits, le semblant de foule lorsque s'acheve le jour,
des nomades modernes et sedentaires qui apprivoisent nos moeurs occidentales, mondiales.

Trois fois plus grande et vingt fois moins peuplee, fierte mongole qui s'abrutit dans l'alcool, remede a la vie, se tuer a petites gorgees,
en finir avec sa conscience-existence.

Je longe encore les grises rues barricadees, entourees de montagnes, enchevetree dans mes couvertures, immobilite revee, prison de songes.

Le transmongolien m'attend, apres-demain.

Monday, October 29, 2007

24/10/07- 190kms- Sur la route de Karakorum

Il a gele cette nuit.
Le blanc s'est mele a l'ocre des montagnes.
Et le soleil rechauffe l'herbe.
Saupoudres, nos regards et l'immensite, defaite.
Lorsque les couleurs s'eteignent et disparaissent, les nuages s'etreignent et font des rayures avec le bleu. Les solitudes s'oublient dans l'illimite ou plonge notre desir de nous mouvoir.
Le froid reveille mon corps et endort mes sens.
Le paysage cree l'image de la liberte, l'excessive, sans bornes, sans point sur lequel arreter ses pupilles.
La ville est derriere les monts.
Elle fume, enfumee par la poussiere qui se souleve et s'eleve a chaque passage. Son odeur est celle des melezes qui brulent, de la suie quotidienne.
Le gris domine et inonde un peu leurs visages. Les ivrognent titubent et attendent tete dans le gravier que le froid ou les voitures les prennent. Sur le chemin de l'ecole, ils chassent les enfants de grognements d'ours.
La nuit est deja tombee et l'existence ici ne semble ne faire qu'un avec la nuit.
Dernier nuitee dans la yourte, barricadee derriere des clotures de planches de bois et d'acier rouilles. Le sourire qui tombe en ruines...ou simplement decadent.

23/10/07

Je couds mes souvenirs a la chair de mon oubli
qui se rememore dans les reves,
ceux-la memes qui deviennent fous, imprevisibles et vivants,
plus-que-jamais.
A la limite de l'ecoeurement, je me reveille en sursaut
lorsque le noir est omnipresent, ciel et yourte.
Immobile, j'attends que la lumiere chasse et evapore
ce qui demeure de mes nocturnes pensees inapprivoisees.
Taisez-vous_____________________

22/10/07- 6 heures a cheval - Avis de tempete

L'odeur du cheval me colle a la peau ou a mes vetements, seconde peau que je ne quitte plus. 4 vestes, 3 pantalons, 3 paires de chaussettes, 1 echarpe, 1 chapeau et des gants.
La bougie est toujours la, un peu plus consumee. Nous galopons a travers champs et forets. Le ciel se couvre de blanc epais (pret a tomber ?). La tempete se levera-t-elle ?
L'intimite est rare a trouver dans la ger. Le silence est partout sauf a l'interieur ou nous caquetons jovialement.
Mon nez coule et mes yeux pleurent, le vent fouettant mon visage, lascerant ma journee, les joues rouges, a cheval.
La neige est un nuage qui emmitoufle les montagnes.. Le blizzard nous suit a la trace, les flocons degringolent.
La route est caillouteuse et nous galopons plus fort. Chacun ne fait qu un avec le mouvement du cheval, dans le mouvement. Je me courbe et l'air m'emporte. Le ciel appartenait aux nuages. du blanc au gris.
Retrouver la ger dans la plaine et la chaleur etouffante, le the au lait, s'etendre et se taire. Le feu chante et les visages parlent. Des joues meurtries, halees par le soleil et la rudesse du froid.
Des vies perdues ou gagnees sur les coteaux de la montagne, loin de tout, ou du rien que nous menons.

21/10/07- 20kms en voiture et 2h30 a cheval - Blanche nuit

La bougie eclaire peu nos visages.
Le beurre moisit pour l'hiver dans des estomacs de yacks et embaume la ger. La soupe bouillonne sur le poele (redondance atemporelle). Des voix dansent dans la piece, enveloppees dans nos oripaux hivernaux. La lucarne nous montre la fumee qui monte et la nuit qui tombe.
Quelques discordances dans le programme des jours a venir. Je me laisse porter, flexible, lorsque le froid ne me colle pas a la peau.
Les montagnes saupoudrees de neige se miroitent dans l'eau qui n'est pas entierement sous la glace. Le niveau du lac triple au printemps, fonte des glacs. L'hiver a passe sa main sur le paysage, faisant tomber les dernieres epines et tapissant les mousses de neige. La lune vient de derriere les monts.
La bougie danse violament dans le courant d'air. La nuit sera longue, courbaturee par la marche des chevaux.

Que devient ma vie lorsque je n'y suis pas ?

semi-pensee diurne

Elle avait des souvenirs trebuchant dans sa tete. Des cartons enfouis a ne pas trop deplacer. Elle guettait les ronds de poussiere, aureoles du temps, autour des bols.
Le the bouillonnait au-dessus du feu et les effluves du passe revenaient de plus belle.
Elle se souvenait essentiellement du pire. Le meilleur etait comme une peau qui a mue. On le retrouve a ses pids. On marche dessus comme sur des oeufs, coquilles dorees, cheriees et bien souvent oubliees.
L'enfant barbouille et morveux poussait des cris, pleurait et s'abandonnait au rire, excessif comme l'enfant savait l'etre. Cette demesure qui nous faisair, parfois, saliver. L'envie de ne pas avoir de contraintes, de se laisser-aller.

20/10/07 - 180 kms - Utopie (?) buccolique

Rencontrer des nomades qui trouvent l'endroit ou passer l'hiver. La ger sent la bouze et le fromage rassi et fermente.
Les meubles sont peu nombreux et bas, ornes de peintures auspicieuses et decoratives. Les tapis trainent dans l'herbe et la terre. Les moutons et brebis sont de blanches taches dans l'herbe qui noircit lorsque la nuit vient.
Nous nous etendons a meme le sol.
Le feu bat son plein dans le poele. Le froid nous prendra dans la nuit,
doigts de pieds et gorge geles.
Le vent s'engouffre un peu dans la yourte coincee entre deux flancs de collines. Quelques yacks meuglent dans l'epaisseur de la nuit, silence etoile. La blanche nuit comme le sommeil, livide entre quelques ronflements.
La famille nous a delaisse une yourte ou passer la nuit. Nous sommes sur la route, mais flottons dans les paysages et les steppes. Les montagnes se profilent a l'horizon, arborant quelques traces de neige immaculee.

Thursday, October 25, 2007

19/10/07- 290 kms - (prendre sa liberté)

La piste est chaotique. Le van tangue et m’emporte, ensommeillée.
Et si j’ouvre les yeux, il se peut que le paysage ait changé.
Les plaines reviennent et l’on pourrait prendre ces herbes pour d’autres,
quelques heures auparavant.
J’écoute le vent dans les feuillages d’un arbre centenaire.
Des piallements d’oiseaux,
les oignons rissoler dans la poële
et une vague mélodie traditionnelle au loin.
Des écharpes couleur ciel y sont accorchées:
prières et voeux. La nature unanimement célébrée.
Le soleil me rechauffe le dos.
Mes ongles sont noirs et mes cheveux gras. Ma peau a peu vu l’eau.
La vie nomade va rarement de pair avec la douche.
Tout dépend des limites que l’on se fixe ou que l’on oublie de poser.
Alors j’essaie de pousser plus loin.
Je ne me mets pas à l’épreuve. Je ne me dépasse guère.
Le vent s’engouffre dans mes vêtements et je savoure l’instant.
J’apprends______.

18/10/07- dunes en fractales- 180 kms

Un peintre (divin ?) accordant les couleurs, par touches.
Le jaune, le blanc et l’ocre donnent le ton.
Le bleu les fait résonner.
Le sable s’engouffre dans mes vêtements et le salé (de mon front)
dans ma bouche.
Je cours en descendant les dunes, m’écroule.

(bain de soleil)

Au-dela des dunes, d’autres dunes.
Fractales qui semblent à notre échelle,
humaine, infinie.

17/10/07- 360 degrés-

Lorsque les mousses s’étalent
et gagnent le sable,
est-ce le sable qui recule
ou la vie qui avance, rampante, force et rage, conquérir ?
Les montagnes en découpe, ombres chinoises superposées.
Un quartier de lune dans le bleu qui noircit.
Les dunes que l’infatigable vent crée et manipule.
Il organise l’incroyable, ce que les yeux peineraient à inventer.

La yourte est gelée et le froid tétanise mes muscles.
La porte s’ouvre sur le désert.


Gobi.

Je tourne la tête et l’horizon n’en finit pas.
La nuit descend, la lune monte et s’éclaire à chaque pas.
L’on se sent bien minuscules dans l’immensité qui ne parle que lorsque le vent s’y engouffre.
Des herbes hautes, quelques massifs touffus bien maigres, arbustes épineux…
La vie animale est rare et l’eau tombe peu.
Nous nous ravitaillons dans des puits,
introuvables essentiels, quelques planches posées sur le sable.

Dans la yourte, le vent psalmodie dans le tuyau de la chaudière.
La chaleur se joue de nous, se cache , puis soudainement se fait folle.

La théière chante aussi avec le vent.

met le jour, (donner la vie/ nuit)

Je pense à ton ventre rond
qui n’est pas encore.
au mien
qui ne sera, peut-être
pas.
“Maternité, ouvre-toi.”
De toi a moi, qu’un pas,
Et des milliers de kilomètres,
dure ce pas.
Et dans ce pas, du passé,
on a sans doute aussi avancé.
Ma route est longue
jusqu’à ces quelques lieux que tu as fait,
où tu es et demeure, désormais.
Je n’ai pas tes rêves.
Pouvons-nous les échanger ?
Désordonnée, désorientée, je cherche ma route,
l’aurais-tu trouvée ?

(Devrais-je finir par m’y résigner ?)

15/10/07-380 kms

L’immensitée revenait.
De la couleur brune de la terre, du violacé que prenaient les mousses éparses.
Mon esprit venait à divaguer.
Nomade comme le sont les peuples d’ici.
La route est vide. Nous ne croisons pas un véhicule par heure.
La terre infertile et infinie sur l’horizon.
Platitude, et sortis de nulle part, des massifs bleus, lointains.
Des troupeaux de chameaux et de moutons détalaient
en entendant le bruit de notre arrivée,
qui n’était que passage. Les villes étaient rares et inattendues.
Une colline derrière laquelle on aurait esperé rien d’autre que du sable ou des cailloux.
De la rocaille motone et si folle à en croire nos yeux.

Ebahie.

14/10/07-260 kms

L’immensité à perte de vue,
chasse gardée des aigles et des faucons
- charognes.
L’herbe rase et le ciel, en bandeaux horizontaux.
Le bleu, le vert, intarissables.
Et la route se faisait caillouteuse et sableuse.
Sépulture à ciel ouvert,
quelques squelettes, animaux piegés par le froid,
meurent une nouvelle fois.
Çà et là, des massifs granitiques usés par le temps,
des mers de roches,
des fonds marins où les bouleaux effeuillés sont algues tortueuses.
Nous allions
“Vers le sud”, lança-t-il, synonyme de chaleur.

Des touffes d’herbes éparses et désordonnées.
Un lac refléchissant monts (et merveilles)

Lorsque le soleil tombe et s’éteind derrière
les rochers, la lumiere jaunit et
leurs ombres grandissent, démesurées.

Les traces de pneus omniprésents et la route
Sillonante se perd entre les collines

Il y a des paysages où le calme est trop parfait, trop grand.
Les mots deviennent vains
J’entends le crissement de mes pas sur la roche, friable.
Le vent ne s’engouffre nullement. L’écho de mes paroles se perd, la roche l’avale.


Et tout se tait.





La crainte me vient de ne plus trouver mon chemin dans le paysage
extraordinaire et monotone.
Je cours, haletante.
Je lève les bras, je crie sourdement
Et la roche garde mon cri.

Friday, October 12, 2007

Perdre ?

Demain elles seront toutes parties et je reste la avec ma vie incertaine et les chemins qui me meneront ailleurs comme nulle part. Elles font leurs bagages, brouhaha aux voix aigues. Je n' eprouve nulle tristesse car la fin est toujours le debut d'autres moments. Je vais oublier leurs noms et leurs rires, et leurs ombres filantes dans la neige, mais pas tout de suite, pas encore.

J ai pietine, j ai enseigne, mais je tounais en rond et redoutais d avoir peu a offrir. Plus je redoutais, moins les mots venaient. Le desir se camouflait, inatteignable.

La ville est bruyante et grise ce matin. Des mares de glace fondues. Cruelle.
Le volontariat me donnait un alibi (une excuse ?) pour savoir ou rester et que faire ici. Partir vers le desert ou deserter. Abreuvez mes dires qui se tarissent parfois au moindre ennui et a la plus vaine inertie.

Les routes sont si nombreuses qu'elles donnent envie de s'y perdre.


Ou de ne plus avancer.

(hiberner)

Le feu crepite dans la yourte. La fumee envahit un peu la piece: chaleur et suffocation. Les chants resonnent et la neige bruisse sur le toit. Un chien aboit et l instant dure. Le manteau blanc s epaissit a vue d oeil au dehors. La nuit est blanche. L ampoule gresille et l odeur du bois nous enveloppe.
Le paysage brule par le soleil, dont les arbres jaunis et deplumes nous devoilaient l automne, n est plus qu hiver. Nos equipements sont minces et nous voulions aller plus loin. Mais la nuit nous rattrappa et nous n eurent d autres choix que la premiere yourte, a quelques minutes frileuses, sur le chemin caillouteux.

Nous nous sommes reveillees dans la neige, la ou tous les paysages deviennent les memes. Le ciel est blanc a en plisser les yeux. Les arbres sont brindilles et tentent desesperement, sous la tyrannique glace, de se dresser vers les cieux.

Thursday, October 11, 2007

Explications

Ce n est pas pour cette raison que je suis partie. Cette maison a-t-elle un jour ete la mienne ?
Je n ai vu nulle part ton enfance s achever et par à-coup , a mes yeux, ton corps grandissait et changeait.

J ai tres peu voulu, avant, te connaitre.

Nous souhaitons bien trop souvent rattrapper ce qui ne s attrappe et le temps perdu. Mais la vigueur du temps et son incessant mouvement n est-il pas justement dans l acte eminement beau de vivre et d achever ?
Je n ai jamais cru que la famille s arretait la ou commencait leur separation. Ce n etait pas la mienne, ni la notre. Un parent reste parent, meme si on ne le souhaite plus, vraiment.
"Ma soeur est partie un jour et n est plus revenue", ce sont tes mots. A ce moment-la, le travail m accablait et il y aurait cent vraies fausses excuses de ne pas etre plus souvent rentree. La vie parisienne m excitait follement. Elle rimait avec intellect. Et la raison s est mise a rire aux eclats, a trinquer dans les bars, a s endormir apres avoir longuement festoyer, la meme fete qui avait longuement manque a ma voracique adolescence cousue de livres. Le sommeil etait devenu optionnel. Nous nous jouions de lui et l on nous revoyait l image d une elite de la France insomniaque, livree corps et ame au roi Travail et a sa dame Etude. Mais la fatigue savait exactement quand nous cueillir.

Et puis j ai peu dit et peu raconte. Je vivais. Je ne lui parlais presque pas, alors j ai cesse comme l on se met soi a dos.
Je ne crois pas ne pas avoir accepte la situation. Je me suis peut etre enfuie un peu plus loin et toujours plus longtemps et me suis cree ici une autre vie, de celle que l on choisit. J ai toujours pense que les liens du sang ne forcent pas ceux de l amitie.
Pour notre mere, c etait different: je suis passee de la fausse haine adolescente, de celle dont on a parfois besoin pour se construire contre, a l eloignement, un temps. Dans son visage, j y ai trouve le mien et les traits qu elle m eut donnes. Comme une bonne et une mauvaise fee, m avait-elle fait un jour le don du reve d ubiquite ? Son Angleterre contre ma Birmanie ? Et dans l eloignement, nous avons baisse les drapeaux guerriers. De mon depart, nous avons verse des larmes. Elle me rejoindrait quelques semaines, peut-etre.
Je crois que l on emmene fatalement nos histoires avec nous. Elles nous guident et nous desorientent. Nous questionnent. Nous en faisons abstractions lorsque le paysage nous fait taire ? Nous impressionne.

Oui, j aimerais apprendre a te connaitre.

Wednesday, October 10, 2007

Dissymetrie de nous.

Vient ma nuit lorsque ton jour se leve.
Nous commercons nos espoirs, les travestissons dans l attente.
L absence est fardeau quotidien. Elle est aussi liberte. Le voyage est provisoire et ses souvenirs tombent rapidement
dans l ephemere. Que reste-t-il de nous et des chemins que nous primes ?
L absence decortique et epuise les mots que nous nous dimes.
Je les pense toujours.

La distance est peu. Visuelle et tactile, certainement. Les pensees reviennent et les mots se repetent.
Je m y raccroche, folle d espoirs. Je lis et relis tes mots. Les devore et m en caresse.

On a peine a le croire. Les visages s oublient si vite.

Monday, October 8, 2007

Vides____

Les fils electriques comme des barbeles encerclaient les villes. Et la fumee des cheminees s effacait et se fondait rapidement au blanc du ciel. Les maisons grises, les batiments abandonnes et les clotures qui entourent de la terre, vide. Les planches eparpillees et quelques pietons, dans l ombre. La vie n existait qu a l interieur.
Nos rires et l alcool, de la couleur du ciel, linceul transparent. Nos danses habitees, leurs sourires et leurs peaux halees, brulees par le froid et le soleil. Sur la vitre, de la buee et des paysages a moitie. S y perdre et se meprendre. Ainsi paissent paisiblement les troupeaux.

Premieres neiges.

Galopant au milieu de nulle part,
notre echappee se faisait la belle,
mon corps meurtri des marches glaciales,
la ou la foret murmure. Et la neige disait peu.
Peu du paysage et la riviere muette.
Paysage aux mille visages, de pierre.
Ca et la, eparses, des yourtes et des vies,
oubliees
et mon impossible inertie se trouvait comblee.
Dans la plus haute tour de mes attentes,
les monts s effacaient pour laisser place a la terre infertile.
Maitresse des lieux, la neige engloutissait les couleurs.

La route, partout, nous menait aux cieux.

Thursday, October 4, 2007

froid matinal.

Les pensees me frolent et le soleil traverse les vitres rechauffant mon visage.
Dans l esseulement qui parfois me vient, je ressasse.
Ici, j erre dans les rues comme la-bas. Les rues sont differentes ,
mais ne vont que peu varier l errance.
Je prepare ma tete et mon sac pour le desert.
Je fais demesurement le pitre. Leurs rires viennent car le desarroi se montre peu.

Tuesday, October 2, 2007

Histoire imprevisible.

Le tableau au dessus de la paillasse qui nous sert de lit est sature de couleurs. Le nuage prend la couleur de l aile de l oiseau qui a deteint sur lui. A l interieur, regne la chaleur et l etouffante atmosphere feminine. L habitude vient: celle d oublier l etat de transit dans lequel se trouvent les jours a venir, mes jours. Je demande conseil tout en sachant que la decision leur appartient et me revient ensuite. Elle leur echappe surtout et de cette echappee, qui est leur, nul ne connait la suite.

Je n ai jamais cru qu il y ait une entite qui sache et de plus, decide de nos faits et gestes a notre place. Certains de nos choix en entrainent d autres. Meme insignifiants, a l echelle d une vie, ils donnent parfois sens, un sens souvent confus pour celui qui vit l instant. La ligne n est pas droite et ce n est pas une ligne, mais davantage un reseau de fils qui vont, viennent, se croisent, se separent ou suivent la meme lignee.

Le fumet de diner vient eveiller mes narines.
Il est tard, la nuit trahit l heure et j en oublie de compter les jours.

Monday, October 1, 2007

Sans mesure.

J ai entretenu le mythe du depart, sacralise, ceremonialise a ne plus pouvoir rentrer. J accorde de l importance demesuree a l irrealisme de mes envies. Je lui cede la place. Dans un immeuble sovietique massif avec ses graffitis, j epluche des oignons. Les medias ont, ces jours-ci, apprivoise mes pleurs, controle et les oignons les ravivent en secret. J ai les joues rouges et l eau glace mes doigts, attablee pres de cette jeune femme dont je ne comprends que peu les mots. Nos regards bruissent pourtant. Ses doigts poteles prennent sans cesse ma main, jouent. Elle a 19 ans et en parait 16. Ses vetements ne trahissent d ou elle vient. Elle vit dans les carcasses aux nombreuses grues, la ou se cotoient les yourtes, ger comme on les nomme ici, et la moderne mondialisation. L air est sableux, sec, voire irrespirable. A 1300 metres, pourtant.
Le froid s eprend de nos corps lorsque la nuit tombe.
D un cote, un semblant de revolte bouillonne en moi. De l autre, le desir de se jeter dans la gueule du loup, fuir, s exiler, aller la-bas. Dans tous les "la-bas". J oublie les noms, les lieux, les heures . Dans ma bulle apolitique, amediatique, inconsciente sur tous les fronts, je traine les pieds. Je repere les rues et ne me rappelle l essentiel. Il n y a pas de cartes valables la ou je vais. Pas de photos de ce que je ressens. La veracite se glace dans l hiver de la steppe.

.

Les labyrinthes se construisent de pensees et d ecriture. L ecriture frole la pensee, la reifie parfois. En lui donnant corps, le fait d ecriture entraine voire enchaine la pensee, la faisant parcourir des chemins qu elle n aurait mene si elle n eut pris corps. Je m adonne a lui en me donnant a l ecriture. Et dans chacun de mes mots, j espere l y meler. L ecriture porte, decouvre, attriste et remplit. Elle est herbe folle, mais elle sait consciement ou elle va. Elle parcoure et elle triture. Et nous la sacralisons pour quotidiennement l user. Nous recyclons les eaux usages de nos mots et les vies vecues.