Monday, October 1, 2007

Sans mesure.

J ai entretenu le mythe du depart, sacralise, ceremonialise a ne plus pouvoir rentrer. J accorde de l importance demesuree a l irrealisme de mes envies. Je lui cede la place. Dans un immeuble sovietique massif avec ses graffitis, j epluche des oignons. Les medias ont, ces jours-ci, apprivoise mes pleurs, controle et les oignons les ravivent en secret. J ai les joues rouges et l eau glace mes doigts, attablee pres de cette jeune femme dont je ne comprends que peu les mots. Nos regards bruissent pourtant. Ses doigts poteles prennent sans cesse ma main, jouent. Elle a 19 ans et en parait 16. Ses vetements ne trahissent d ou elle vient. Elle vit dans les carcasses aux nombreuses grues, la ou se cotoient les yourtes, ger comme on les nomme ici, et la moderne mondialisation. L air est sableux, sec, voire irrespirable. A 1300 metres, pourtant.
Le froid s eprend de nos corps lorsque la nuit tombe.
D un cote, un semblant de revolte bouillonne en moi. De l autre, le desir de se jeter dans la gueule du loup, fuir, s exiler, aller la-bas. Dans tous les "la-bas". J oublie les noms, les lieux, les heures . Dans ma bulle apolitique, amediatique, inconsciente sur tous les fronts, je traine les pieds. Je repere les rues et ne me rappelle l essentiel. Il n y a pas de cartes valables la ou je vais. Pas de photos de ce que je ressens. La veracite se glace dans l hiver de la steppe.

2 comments:

Anonymous said...

le voyage te va bien à l'écriture - c'est étrangement comme si tu échappais à toi-même dans un dépaysement où d'autres s'inquièteraient de ne pas trouver leur nombril au centre d'une géorgraphie...un régal de lecture en tous les cas, et c'est pas parce que, hein, bon -

Marion said...

se perdre, c est se (re)trouver. c est surtout se perdre et ne pas chercher a se trouver.
(merci)