Thursday, October 11, 2007

Explications

Ce n est pas pour cette raison que je suis partie. Cette maison a-t-elle un jour ete la mienne ?
Je n ai vu nulle part ton enfance s achever et par à-coup , a mes yeux, ton corps grandissait et changeait.

J ai tres peu voulu, avant, te connaitre.

Nous souhaitons bien trop souvent rattrapper ce qui ne s attrappe et le temps perdu. Mais la vigueur du temps et son incessant mouvement n est-il pas justement dans l acte eminement beau de vivre et d achever ?
Je n ai jamais cru que la famille s arretait la ou commencait leur separation. Ce n etait pas la mienne, ni la notre. Un parent reste parent, meme si on ne le souhaite plus, vraiment.
"Ma soeur est partie un jour et n est plus revenue", ce sont tes mots. A ce moment-la, le travail m accablait et il y aurait cent vraies fausses excuses de ne pas etre plus souvent rentree. La vie parisienne m excitait follement. Elle rimait avec intellect. Et la raison s est mise a rire aux eclats, a trinquer dans les bars, a s endormir apres avoir longuement festoyer, la meme fete qui avait longuement manque a ma voracique adolescence cousue de livres. Le sommeil etait devenu optionnel. Nous nous jouions de lui et l on nous revoyait l image d une elite de la France insomniaque, livree corps et ame au roi Travail et a sa dame Etude. Mais la fatigue savait exactement quand nous cueillir.

Et puis j ai peu dit et peu raconte. Je vivais. Je ne lui parlais presque pas, alors j ai cesse comme l on se met soi a dos.
Je ne crois pas ne pas avoir accepte la situation. Je me suis peut etre enfuie un peu plus loin et toujours plus longtemps et me suis cree ici une autre vie, de celle que l on choisit. J ai toujours pense que les liens du sang ne forcent pas ceux de l amitie.
Pour notre mere, c etait different: je suis passee de la fausse haine adolescente, de celle dont on a parfois besoin pour se construire contre, a l eloignement, un temps. Dans son visage, j y ai trouve le mien et les traits qu elle m eut donnes. Comme une bonne et une mauvaise fee, m avait-elle fait un jour le don du reve d ubiquite ? Son Angleterre contre ma Birmanie ? Et dans l eloignement, nous avons baisse les drapeaux guerriers. De mon depart, nous avons verse des larmes. Elle me rejoindrait quelques semaines, peut-etre.
Je crois que l on emmene fatalement nos histoires avec nous. Elles nous guident et nous desorientent. Nous questionnent. Nous en faisons abstractions lorsque le paysage nous fait taire ? Nous impressionne.

Oui, j aimerais apprendre a te connaitre.

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