Saturday, December 15, 2007

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Les nuits de Rangoun sont folles. Elles se fichent bien des apriori, lointains. Le demi est a 40 centimes et coule a flot. L'ebriete et l'ivresse de la danse. Microcosme bourgeois, un autre monde dans le monde, vivant sous des lumieres tamisees et les effets du stroboscope, un monde sourd a la lumiere ou les paroles sont muettes ou cris, Nous y deambulons spectateurs dans la rue et participant dans la danse, vague de mouvements.

Nous sommes etrangeres et de ce fait, ne nous melant jamais veritablement a la foule, sans cesse retrouvable, reconnaissable parmi les siens. La Jet Set locale n'est qu'une des multiples facettes de Rangoun. Les humbles ne rentrent pas ou peu ici, les ici de chacun. Sur la piste, les quidams jouent une reputation factice qui, comme un chef d'orchestre meticuleux et fier, dirige leurs faits et gestes, defaits, pantins articules par leurs egos.
Et si j'ecris peu, je ne fais que danser. Les paroles me sont paraboles d'avant, mes bras s'emportent, mes jambes ne me portent. La nuit semble toujours trop courte aux valseurs.

Friday, December 7, 2007

Nouvelle demeure

Il y a cinq fenetres dont trois donnent sur un mur moisi par la moisson ou s'amoncellent des mousses grises. Le bruit traverse les fenetres poreuses de l'activite de la rue. Le vert-hopital des murs a ete tu par une couche de blanc chatoyant: recycler le vieux, l'oublier, faire renaitre l'idee du neuf. Le sol est du beton qui crise encore sous les pieds malgre les passages repetes et danses par le balai. Un matelas, une moustiquaire, une table, quelques livres et puis l'espace selon certains, le vide selon d'autres, immense. La lumiere peine a penetrer. Elle doit chevaucher les facades d'autres vies. La porte reste ouverte. Elle eclaire.

Dans un coin de la piece, un sac pret a partir (a revenir ?) ne bougera pas de l'annee a venir, ou ne devrait pas. Les idees sont pourtant bien capricieuses, s'imiscent entre l'existence et nous. Ne pas perdre le desir puisqu'il ne s'agit que de cela. Il est volatile et le blanc (des murs) effraie les vies neuves a batir.

25/11

La rue et son paysage semblent indissociables de l'odeur: la graisse, le petrole et parfois l'encens ou la fleur de jasmin. Les marchands occupent les trottoirs aux trous inombrables. La chaleur m'use, me tait. Je suis toujours a la recherche d'un appartement. Parcourir des rues et des vies, des etages, ouvrir des portes ou du moins, essayer de s'y introduire. Se creer un monde dans le monde, un microcosme aux couleurs siennes. Faire des contacts, donner du social puisqu'il le faut, la cle parole, ce sesame. Contempler des existences et calquer la sienne, donner forme. Le sens n'est toujours pas venu.

Jeunesse doree, tu t'exhibes dans tes habits de fete alors qu'au dehors gronde en sourdine la colere de tes peres. Tu revets tes vetements de rebellion, ta facon de te poser contre, de s'opposer a eux. Mais lorsque tu cris devant la scene de tes heros d'un soir, ton cri ne vient pas jusqu'a eux. Il s'etouffe dans ton adulescente rebellion qui flatte ton ego mais ne nourrit ta nation. Les chants ne sont pas non plus victuailles. Ils sont boursouflures d'espoirs sans realisation.