Wednesday, January 2, 2008

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Grace a la reine Censure, la suite est ici: etre-a-l-est.hautetfort.com

Saturday, December 15, 2007

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Les nuits de Rangoun sont folles. Elles se fichent bien des apriori, lointains. Le demi est a 40 centimes et coule a flot. L'ebriete et l'ivresse de la danse. Microcosme bourgeois, un autre monde dans le monde, vivant sous des lumieres tamisees et les effets du stroboscope, un monde sourd a la lumiere ou les paroles sont muettes ou cris, Nous y deambulons spectateurs dans la rue et participant dans la danse, vague de mouvements.

Nous sommes etrangeres et de ce fait, ne nous melant jamais veritablement a la foule, sans cesse retrouvable, reconnaissable parmi les siens. La Jet Set locale n'est qu'une des multiples facettes de Rangoun. Les humbles ne rentrent pas ou peu ici, les ici de chacun. Sur la piste, les quidams jouent une reputation factice qui, comme un chef d'orchestre meticuleux et fier, dirige leurs faits et gestes, defaits, pantins articules par leurs egos.
Et si j'ecris peu, je ne fais que danser. Les paroles me sont paraboles d'avant, mes bras s'emportent, mes jambes ne me portent. La nuit semble toujours trop courte aux valseurs.

Friday, December 7, 2007

Nouvelle demeure

Il y a cinq fenetres dont trois donnent sur un mur moisi par la moisson ou s'amoncellent des mousses grises. Le bruit traverse les fenetres poreuses de l'activite de la rue. Le vert-hopital des murs a ete tu par une couche de blanc chatoyant: recycler le vieux, l'oublier, faire renaitre l'idee du neuf. Le sol est du beton qui crise encore sous les pieds malgre les passages repetes et danses par le balai. Un matelas, une moustiquaire, une table, quelques livres et puis l'espace selon certains, le vide selon d'autres, immense. La lumiere peine a penetrer. Elle doit chevaucher les facades d'autres vies. La porte reste ouverte. Elle eclaire.

Dans un coin de la piece, un sac pret a partir (a revenir ?) ne bougera pas de l'annee a venir, ou ne devrait pas. Les idees sont pourtant bien capricieuses, s'imiscent entre l'existence et nous. Ne pas perdre le desir puisqu'il ne s'agit que de cela. Il est volatile et le blanc (des murs) effraie les vies neuves a batir.

25/11

La rue et son paysage semblent indissociables de l'odeur: la graisse, le petrole et parfois l'encens ou la fleur de jasmin. Les marchands occupent les trottoirs aux trous inombrables. La chaleur m'use, me tait. Je suis toujours a la recherche d'un appartement. Parcourir des rues et des vies, des etages, ouvrir des portes ou du moins, essayer de s'y introduire. Se creer un monde dans le monde, un microcosme aux couleurs siennes. Faire des contacts, donner du social puisqu'il le faut, la cle parole, ce sesame. Contempler des existences et calquer la sienne, donner forme. Le sens n'est toujours pas venu.

Jeunesse doree, tu t'exhibes dans tes habits de fete alors qu'au dehors gronde en sourdine la colere de tes peres. Tu revets tes vetements de rebellion, ta facon de te poser contre, de s'opposer a eux. Mais lorsque tu cris devant la scene de tes heros d'un soir, ton cri ne vient pas jusqu'a eux. Il s'etouffe dans ton adulescente rebellion qui flatte ton ego mais ne nourrit ta nation. Les chants ne sont pas non plus victuailles. Ils sont boursouflures d'espoirs sans realisation.

Friday, November 23, 2007

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revetir la jupe birmane, les tongues, cheveux laches et se sentir plus elles.
prendre le bus, se tasser, imiter leurs gestes, retenir les mots et sonorites de leur langue, la faire sienne. dans la vie qui grouille, qui gronde en sourdine, se laisser porter par les mouvements, emporter, deriver.
l'odeur des fleurs de jasmin melee a celle de la crasse, boue et pourriture. les moussons ont lave les couleurs des murs. les peintures noires et sales, les plantes qui poussent sur les batisses, mordent le beton, defient le temps. rien n'est immuable ou rien ne semble l'etre.
les piments picotent mes levres et la foule crie. l'adrenaline monte. match de boxe. sa bouche saigne, il continue dans l'arene. la haine monte ou est mimee. le peuple saute, leve les bras, s'emporte, se prend au jeu. la musique rythme le combat. les gestes sont vifs, mesquins. ils dansent sur la piste, les poings l'un vers l'autre, devant leurs visages. la cadence accelere, leurs danses saccadee, perverse. et puis l'un finit toujours par tomber. son souffle se tait. la foule, hagarde, regarde la piste. une crainte certaine monte en moi. et s'il ne se relevait pas ? combats de coqs ensanglantes, qui sortent un oeil en moins, heles comme les heros d'un jour. la nausee me vient, tangue a l'interieur de mon corps, la paleur m'envahit. je quitte la piste pour retrouver celle de la danse des ombres et de la nuit, Rangoun, royaume des chiens errants et des dechets. hurler a la pleine lune qui se tapie derriere les nuages.

Thursday, November 22, 2007

Premier jour et premieres ampoules.

Personne n'est venu m'accueillir. J'ai reconnu C., l'amie d'un ami, que j'avais rencontree en debut d'annee. Des mots echanges et des eternelles presentations a la faune des expatries. Saluer un ami birman. En esperer d'autres, des rencontres fortunes, des rencontres-point-, de celles que l'on se rememore. Deux polonaises partagent mon dortoir, logement le temps d'en trouver un autre. Je leur fais visiter la ville en me la rememorant. A mi-chemin entre l'Inde et l'Asie, j'avais oublie combien on peut l'aimer.
L'universite est fermee a duree indeterminee. Alors, trouver de quoi remplir mes jours. Desarroi d'une premiere journee ou la vie nous plait tant, mais n'a aucun sens, aucun but. Futilites humaines.
Premiere invitation pour une soiree expat' jeudi soir: j'espere ne pas me laisser embourber. Le dortoir est paisible, rieur. Une possibilite de collocation se laisse presager avec C., mais c'est deux semaines au dortoir, 15 jours de defile touristique. Je crains de devoir rendre les armes. Than Tun, l'ami d'une amie m'a dit qu'il chercherait pour moi. Il paraissait confiant. Il a reitere l'invitation du mois d'avril: sa femme M. serait ravie de faire ma connaissance.
Trop d'un coup pour moi.
Reptilienne, je tentais de jongler entre ces deux mondes, de ne me laisser happer par aucun.
Rangoun avait repris son cours ou semblait ne jamais l'avoir quitte. Paisible, non. Elle est un fourmillement. La vie sociale se fait et se defait sur les trottoirs. L'on vit dehors, l'on s'y marrie et l'on n'y meurt autant qu'on y nait. Les marches etalent leurs fruits ou leurs pacotilles. La part laissee au ciel est infime. Les pieds dans la boue, sur un beton incertain ou dans la poussiere. Parfois, un depottoir ou une decadence aux yeux de l'Occident. La marche vers le developpement pour les birmans. "On verra", comme les gens disent, esperent ?